Les USA ne permettront pas qu’al-Qaeda et Daech soient rayés de la carte au sud de la Syrie. La solution? La résistance syrienne!

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Par Elijah J. Magnier: @ejmalrai

Traduction : Daniel G.

L’armée syrienne rassemble ses forces en vue de libérer le sud du pays ainsi que les trois principales voies commerciales liant Damas à Amman, en Jordanie (la première passe par Abtah, Da’el et Daraa, la deuxième suit une ligne parallèle liant Damas au poste frontalier de Nassib, la troisième lie la province de Sueida à Basri, Saïda et Daraa).

Le département d’État des USA en a profité pour lancer son premier avertissement à l’armée syrienne pour lui rappeler que le sud de la Syrie fait partie de la « zone de désescalade négociée l’an dernier entre les USA, la Jordanie et la Russie, comme en ont convenu les présidents Vladimir Poutine et Donald Trump », pour maintenir le statu quo.

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Cela signifie que les USA souhaiteraient conserver ce qui reste d’al-Qaeda et de Daech (qui s’est donné le nom d’Armée Khaled bin Al-Waleed) à Daraa et Quneitra, dans le triangle jouxtant la Syrie, la Jordanie et Israël. Devant pareil scénario, la seule solution qui s’offre au gouvernement syrien pour éviter d’exposer l’armée syrienne aux frappes de l’armée de l’air américaine ou (fort probablement) israélienne, c’est d’activer le trialogue « Armée, Peuple, Résistance », en comptant sur la résistance armée syrienne déployée dans le sud du pays. Fait intéressant, ce sera difficile, voire impossible, pour les forces américaines de survoler la zone opérationnelle accordée aux Russes sans susciter de réaction de leur part.

Des hélicoptères de l’armée syrienne viennent de lancer des milliers de tracts au-dessus de la ville de Daraa, appelant ses résidents à se « débarrasser des terroristes comme vos frères l’ont fait dans la Ghouta orientale et à Qalamoun. Ne les laissez pas se servir de vous comme boucliers humains ». Cela coïncide avec le retour de l’armée syrienne à ses positions initiales à Quneitra et à Daraa à la suite de la libération de toutes les poches djihadistes à proximité de Damas (la Ghouta, Yarmouk, Hajar al-aswad, Saham et Babilla, etc.) et dans les régions rurales de Homs et Hama.

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Des observateurs russes, turcs et iraniens ont sécurisé la route Damas-Alep-Turquie, celle-là même qui relie le nord de la Syrie au sud, soit de Gaziantep, en Turquie, à Amman, en passant par Alep, Hama, Homs, Damas et Deraa.

Les Turcs, les Iraniens et les Russes ont établi des postes d’observation élevés le long de la nouvelle ligne de démarcation près d’Idlib et ses environs, et sont parvenus à une situation de cessez-le-feu d’ici à ce que le climat soit propice à une solution politique et à des négociations directes entre Damas et Ankara. Le principal mandataire djihadiste de la Turquie a accepté d’assurer la sécurité de la partie de la route adjacente aux zones contrôlées par al-Qaeda et les insurgés.

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Le déplacement de l’armée syrienne vers le sud n’est toutefois pas sans dangers et sans risques. Washington n’a pas de préoccupations de sécurité nationale majeures ni d’intérêts sur lesquels s’appuyer pour empêcher l’armée syrienne de reprendre le contrôle de son territoire dans le sud. Ce n’est pas non plus dans l’intérêt des citoyens américains d’accepter que leur gouvernement intervienne pour empêcher le retour à la stabilité en Syrie et l’élimination d’al-Qaeda et de Daech au sud de la Syrie. D’autant plus que les USA ont déjà payé chèrement lors des attentats du 11 septembre et en essuyant les attaques multiples d’al-Qaeda contre leur territoire, leurs ambassades et leurs forces partout dans le monde.

La protection d’al Qaeda au sud de la Syrie ainsi que de Daech (l’organisation qui représente la plus grande menace pour le Moyen-Orient et l’Europe) s’inscrit dans le cadre de la protection d’Israël, le principal allié des USA.

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« Israël préfère Daech et ne souhaite pas qu’il soit défait en Syrie », a affirmé le major général Herzi Halevy, chef du renseignement militaire d’Israël. Havely s’est dit « préoccupé par les offensives contre Daech ». Pour sa part, le ministre de la Défense Moshe Ya’alona soutenu que « Daech (qui se trouve pourtant à la frontière d’Israël) ne constitue pas une menace pour Israël » et qu’il « préfère voir Daech régner sur toute la Syrie ».

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Par conséquent, l’avertissement des USA pour empêcher l’armée syrienne de récupérer l’ensemble de son territoire, en particulier le sud adjacent à Israël et au Golan occupé dans les provinces de Daraa et de Quneitra, sert principalement les intérêts d’Israël.

Daech est toujours actif dans la région du nord-est (qui fait partie de la Badia, la steppe syrienne) sous le contrôle des forces spéciales américaines, françaises et britanniques déployées au nord de la Syrie sans la permission du gouvernement central syrien.

Devrions-nous comprendre que les USA n’ont que faire des intérêts du Moyen-Orient et de la présence et des activités continuelles du groupe terroriste à la frontière syro-israélienne et syro-irakienne? Aux yeux du monde, on dirait bien que les USA protègent le terrorisme qu’il est censé combattre. Les USA autorisent toutefois l’armée de l’air irakienne (mais pas les forces aériennes et terrestres syriennes et russes) à effectuer à l’occasion des frappes aériennes contre Daech en coordination avec Damas dans la zone contrôlée par les forces US au nord de la Syrie.

Il est possible de comprendre le soutien indéfectible de Washington en faveur d’Israël aux dépens du Moyen-Orient. Mais on a du mal à s’expliquer le soutien de Washington à Daech (en général), ce même Daech qui a mené des attaques contre les alliés européens de Washington en France, en Belgique, en Grande-Bretagne et ailleurs. Étonnamment, le plus grand contingent de forces spéciales européennes (françaises et britanniques) se trouve dans la zone même où Daech jouit d’une protection contre les attaques de l’armée syrienne et de ses alliés.

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Pour le moment, les mesures prises par les USA (couper le lien entre Bagdad et Damas, avertir le gouvernement syrien de ne pas ouvrir le lien entre Damas et Amman, occuper 23 % du nord de la Syrie, un territoire riche en pétrole et en gaz) démontrent qu’ils n’ont pas l’intention de quitter la Syrie et qu’ils s’opposent au rétablissement des voies commerciales à l’est et au sud de la Syrie.

En outre, les USA ne veulent vraisemblablement pas sonner le glas à des organisations comme Daech et al-Qaeda. Ils souhaitent que la situation actuelle sur le terrain perdure pour que la Syrie demeure instable et divisée. Il est donc clair que le gouvernement syrien n’a d’autre choix que de se tourner vers « l’Armée, le Peuple, la Résistance » pour éviter la destruction de l’armée syrienne par les USA et Israël, ce qui ne manquera pas de se produire si elle cherche à reprendre le territoire par elle-même, à moins bien sûr que la Russie n’intervienne. Après tout, l’armée syrienne a décidé de libérer Daraa en coordination avec Moscou. La zone est extrêmement sensible pour les USA parce qu’elle est en fait vitale pour Israël. Ainsi, tout va dépendre de l’attitude de la Russie.

Irrégulières mais organisées, les forces de la résistance syrienne pourront-elles prendre la situation en main pour récupérer les territoires occupés, pas seulement ceux occupés par Daech et AQ, mais aussi ceux occupés par Israël, à la manière de ce qui s’est fait au Liban en mai 2000?

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