La Grande-Bretagne espère assiéger le Hezbollah au Liban pour le compte d’Israël.

Par Elijah J. Magnier 

Traduction : Daniel G.

Lorsque la guerre syrienne a éclaté en 2011, l’Occident, qui participait directement à la guerre avec les pays du Golfe et la Turquie, croyait que le président Bachar el-Assad ne resterait pas très longtemps au pouvoir et qu’il tomberait au bout de quelques mois ou d’un an ou deux. Les préparatifs ont commencé en vue d’assiéger le « Hezbollah » comme mesure préventive après le renversement d’Assad, car la Syrie était un membre essentiel de l’Axe de la Résistance et faisait partie de la principale voie d’approvisionnement du Hezbollah. 

La Grande-Bretagne a pris rapidement des mesures pour renforcer le contrôle de la frontière libano-syrienne. La gestion de cette frontière répondait à une vieille demande d’Israël lors de sa guerre de 2006, avant de se rendre compte qu’il n’avait pas gagné la guerre et qu’il ne pouvait pas imposer ses conditions. En 2012, un travail frénétique a commencé pour établir un programme de formation militaire de l’armée libanaise dans les deux bases aériennes de Hamat et Rayak et accroître la capacité des institutions de l’armée libanaise. 

Cependant, le but principal n’était pas de renforcer l’armée libanaise. L’objectif du Hezbollah et ses armes rompent l’équilibre de la dissuasion et sèment la terreur en Israël, mais pas en Grande-Bretagne, qui est géographiquement très éloignée du Liban. Comment l’Axe de la Résistance perçoit-il donc ce plan britannique contre le Hezbollah ?

Aucun pays n’a versé le moindre centime pour soutenir l’armée libanaise et lui permettre de préserver et de protéger sa propre frontière avec Israël. L’Occident a plutôt approuvé le déploiement des forces des Nations unies (FINUL) à la frontière pour permettre à Israël de s’assurer qu’aucun obstacle, piège ou lieu ne puisse constituer une menace aux incursions israéliennes à l’intérieur du territoire libanais, qui ont cours depuis des décennies. En fait, l’objectif de l’envoi des forces de la FINUL, qui ne sont déployées qu’à l’intérieur du territoire libanais, était d’aider Israël à prévenir les attaques depuis le Liban et non l’inverse. L’armée libanaise n’est pas non plus autorisée à posséder des missiles antiaériens ou des antinavires susceptibles d’être dirigés contre Israël. Personne d’autre qu’Israël ne …

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viole l’espace aérien, les eaux et la souveraineté du Liban. L’Occident veille à ce qu’aucune force israélienne ne soit menacée par le Liban, ce qui permet à Israël de violer librement sa souveraineté comme bon lui semble.

Cependant, le soutien occidental afflue dans l’armée libanaise pour la surveillance de la frontière avec la Syrie. Les pays occidentaux fournissent à toutes les institutions de sécurité libanaises de l’équipement et des armes légères qui permettent la guerre urbaine. Le Liban compte plus de 125 000 militaires et membres du personnel de sécurité, un chiffre colossal pour n’importe quel pays dans le monde, d’autant plus que le Liban subit le poids de la détérioration des conditions économiques. L’appareil militaire et de sécurité libanais gaspille de grandes quantités d’argent pour les voyages à l’étranger de ses officiers et rappelle ses recrues sans véritable besoin, d’autant plus que l’armée n’est pas en mesure de tenir tête aux armées des deux côtés de la frontière.

Des milliards de dollars ont été dépensés dans l’espoir que le Hezbollah soit vaincu dans la guerre en Syrie ou toute guerre à venir avec Israël. Si c’était le cas, le Hezbollah deviendrait vulnérable, ses approvisionnements seraient interrompus et il serait plus facile d’achever sa défaite par une attaque des forces de sécurité libanaises. C’est l’idée qui prédominait après la guerre israélienne de 2006 et avant la participation pleine et entière du Hezbollah à la guerre en Syrie en 2013.

À elle seule, la Grande-Bretagne a entraîné 11 000 soldats et officiers libanais à des opérations de guerre urbaine. Elle a également formé environ 7 000 soldats pour qu’ils « protègent » la frontière libano-syrienne, en plus de contribuer à la formation des « régiments des frontières terrestres ».

Cependant, les choses ne se sont pas passées comme prévu par le RU, les USA et Israël. L’Axe de la Résistance a remporté la guerre en Syrie, une victoire qui a donné au Hezbollah une expérience militaire significative qui en a fait une force redoutable. En élevant son niveau de préparation, le Hezbollah a pu stocker des drones armés et des dizaines de milliers de missiles qui compteraient, selon des sources israéliennes, des centaines de milliers de missiles de précision.

Le Hezbollah doit sa survie et son existence à ses voies d’approvisionnement. Après toute guerre, les belligérants doivent se réarmer puis moderniser leur armement pour en stimuler la production afin de maintenir l’équilibre de la dissuasion. Pour cela, il faut que le flux d’approvisionnement soit sécurisé et ininterrompu.

Fort de son expérience et de son arsenal, le Hezbollah a menacé Israël (si jamais il déclarait la guerre au Liban) de frapper des cibles militaires précises en Israël, y compris celles situées dans des villes civiles. Les missiles du Hezbollah sont devenus ainsi une menace sérieuse pour Israël, qui estime que cette menace doit être écartée ou détruite. Cependant, faire la guerre pour détruire ces missiles est devenu une tâche impossible, car entre-temps, le Hezbollah a changé sa politique militaire.

La guerre de 2006 a enseigné au Hezbollah qu’il devait relocaliser tous les missiles des villages du sud du Liban dans les montagnes et les vallées éloignées, puisque leur portée atteint 500 km, ce qui couvre toute la géographie occupée par Israël. Ces missiles de précision et de longue portée inquiètent beaucoup Israël, les USA et le RU.

Selon un commandant de l’Axe de la Résistance à Damas, la Grande-Bretagne a construit 39 tours d’observation et 7 bases, ainsi qu’un centre d’opérations militaires, le long de la quasi-totalité de la frontière avec la Syrie, du passage de Masnaa jusqu’à al-Qaa, ce qui fait plus de 100 kilomètres.

D’après un général de l’armée libanaise, le ministre britannique des Affaires étrangères Hugh Robertson s’est rendu au Liban en 2013 pour superviser la construction de 12 tours de contrôle frontalier et les équiper d’équipements électroniques et de communications par satellite dernier cri reliés au centre de commandement et de contrôle de l’armée libanaise.

« Toutes les communications liées aux satellites peuvent être interceptées par les services de sécurité et du renseignement actifs dans la région, notamment ceux d’Israël, des USA, du RU et de la France. Ceux-ci peuvent surveiller les mouvements du Hezbollah et ses voies d’approvisionnement militaire le long de la frontière. Daech et Al-Qaïda ayant été vaincus au Liban et le long de la frontière libano-syrienne, la nécessité de maintenir ces liaisons satellites dans la région n’est plus une urgence. Les contrebandiers du Liban et de la Syrie poursuivent sans relâche leurs activités illégales par des voies officielles et non officielles. De plus, la Syrie a le droit d’exiger les comptes rendus de ces tours d’observation britanniques, puisqu’elles surplombent le territoire syrien. En fait, aucun pays n’a le droit de consulter ces comptes rendus à part le Liban et la Syrie », selon la source.

La source de l’Axe de la Résistance croit que l’objectif de la Grande-Bretagne est de couvrir les points frontaliers pour connaître les voies d’approvisionnement et les caches du Hezbollah. Ces tours pourraient s’internationaliser, à l’image de ce que certains Libanais appellent l’internationalisation de la crise libanaise aiguë. Des voix s’élèvent au Liban pour demander d’imposer un siège aux déplacements militaires du Hezbollah, sous prétexte qu’ils facilitent le travail des contrebandiers. Elles demandent le contrôle total par l’armée libanaise de tous les passages frontaliers entre le Liban et la Syrie et vice-versa.

Il ne fait guère de doute que ces tours recueillent des renseignements de sécurité contre le Hezbollah et l’armée syrienne, d’affirmer la source, surtout avec le projet de construction de tours supplémentaires à la frontière libanaise, qui surplomberait la ville syrienne de Homs. Les sources estiment que ces tours pourraient jouer un rôle hostile dans toute nouvelle bataille entre Israël et le Liban. Il n’est pas exclu que la présence des tours serve de couverture aux unités spéciales israéliennes pour détruire les caches de missiles, car elles offrent une visibilité sur des zones frontalières vastes et sensibles, y compris sur les missiles de précision du Hezbollah. Par conséquent, les positions britanniques créées le long des frontières sont considérées par l’Axe de la Résistance comme provocatrices et hostiles.

Israël a réussi à entraîner Yasser Arafat dans une guerre civile qui a mûri du fait du mécontentement envers le leader palestinien par la population locale libanaise, ce qui a contribué à l’invasion du Liban en 1982. Quant au Hezbollah, il a réussi à sortir du contrôle qu’il exerçait sur des villes libanaises pour faire partie intégrante de la société. Malgré la crise économique intérieure, les USA ont dépensé dix milliards de dollars pour affronter le Hezbollah par l’intermédiaire de leurs alliés au Liban, d’organisations non gouvernementales et de particuliers, mais sans parvenir à leurs fins. Israël a cessé temporairement d’utiliser des drones suicide après leur détection lors d’une tentative ratée de détruire un des entrepôts du Hezbollah dans la banlieue de Beyrouth. Israël est tombé sous le coup d’une dissuasion très efficace à la frontière, le Hezbollah étant prêt à tuer un soldat israélien à tout moment. Par conséquent, les objectifs non déclarés de frapper le Hezbollah et de contrôler ses caches de missiles sont fortement maintenus et développés par Israël et ses alliés occidentaux, les USA et, dans ce cas-ci, le Royaume-Uni.

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