Israël bombarde Lattaquié, mais frappe la Russie

Par Elijah J. Magnier

Traduction : Daniel G.

Pour la deuxième fois en ce mois de décembre, des avions de guerre israéliens survolant la Méditerranée ont pris pour cible le parc à conteneurs du port syrien de Lattaquié en tirant plusieurs rafales de missiles. Ce genre de frappe israélienne n’a eu lieu que deux fois en dix années de guerre, en 2013 et en 2014. Ce qui est remarquable, c’est que la frappe israélienne s’est produite pendant qu’un avion russe survolait le ciel près de Lattaquié. Le système de défense aérienne syrien était ainsi dans l’impossibilité de fonctionner et de limiter les dégâts importants infligés au port, par crainte d’abattre l’avion russe. Cela signifie qu’Israël a profité de la présence russe dans l’espace aérien syrien en l’utilisant comme bouclier, minant du même coup la réputation russe. La Syrie devrait être considérée comme une zone d’influence stratégique de la Russie. Par conséquent, en autorisant la frappe illégale israélienne et en empêchant la Syrie d’exercer son droit à se défendre, la Russie a été frappée plus durement que le parc à conteneurs de Lattaquié, si l’on fait abstraction des dommages causés à l’économie syrienne (déjà soumise à de lourdes sanctions).

En février 2020, un Airbus 320 syrien avec 172 passagers à son bord a été contraint d’atterrir sur la base aérienne russe de Hmeimim, au nord-ouest de la Syrie, pendant que des chasseurs israéliens s’en prenaient à différents objectifs en Syrie. Igor Konashenkov, le porte-parole officiel du ministère de la Défense russe, a accusé alors Israël de « se servir de la présence d’avions de ligne civils comme bouclier contre les tirs antiaériens de la Syrie » lors de son attaque illégale contre la souveraineté syrienne.

En septembre 2018, des F-16 israéliens ont attaqué la Syrie pendant qu’un Iliouchine-20 russe manœuvrait au-dessus de la Méditerranée, près des côtes syriennes. Les défenses syriennes ont alors abattu l’avion russe, avec 15 officiers à bord, tous tués sur le coup. À l’époque, Moscou a accusé les Israéliens de s’être cachés derrière l’avion russe et Moscou a rejeté le blâme de la tragédie sur Israël. Les pertes russes ont nécessité l’adoption de nouvelles mesures, qui ont obligé les responsables militaires israéliens à informer la base russe de Hmeimim bien à l’avance de chaque raid qu’ils s’apprêtaient à effectuer. La Russie a apporté des missiles S-300 en Syrie pour brandir le bâton contre Israël, mais sans donner aux dirigeants militaires syriens la pleine autorité pour utiliser ces missiles antiaériens perfectionnés.La Russie avait l’habitude d’informer l’Iran et la Syrie de l’imminence des attaques 

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