La guerre ne se terminera pas par le contrôle russe de l’Ukraine : Nous n’en sommes qu’au début

Par Elijah J. Magnier

Traduction : Daniel G.

« Il est temps que les armes nucléaires américaines en Europe retournent aux USA ». C’est par ces mots que le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a résumé la feuille de route russe au-delà de l’Ukraine. Cela signifie que la bataille russe s’est engagée parce que les USA disposent de forces nucléaires stratégiques dans les bases de l’OTAN réparties sur le continent européen, y compris en Turquie (qui possède cinquante bombes nucléaires sur la base d’Incirlik sous « contrôle » américain). Apparemment, toutes les options à venir seront beaucoup plus provocantes et complexes qu’une « simple » guerre contre l’Ukraine, car les pays qui devraient être dénucléarisés selon la Russie sont membres de l’OTAN.

L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord a été créée en 1949 par les USA, le Canada et d’autres pays européens pour assurer la sécurité contre l’Union soviétique et combattre le communisme. L’intégration de l’Allemagne de l’Ouest à l’OTAN en 1955 a donné le jour au Pacte de Varsovie (Union soviétique, Albanie, Bulgarie, Tchécoslovaquie, Allemagne de l’Est, Hongrie, Pologne et Roumanie). Après la fin de la guerre froide entre les Soviétiques et les États-Unis, le Pacte de Varsovie a été dissous, mais pas l’OTAN. Plusieurs anciens membres du Pacte de Varsovie ont rejoint l’OTAN après mars 1999, en dépit des promesses (qui n’étaient ni des traités ni des accords signés) faites par les responsables occidentaux, principalement les États-Unis, selon lesquelles l’OTAN ne s’étendra pas « d’un pouce vers l’Est ». 

La Russie a passé les deux dernières décennies à renforcer sa puissance et s’est estimée prête à affronter les États-Unis en leur demandant de cesser de disséminer des armes nucléaires dans les pays européens de l’ex-Union soviétique. L’OTAN prétend vouloir défendre ses membres et protéger les alliés européens contre les menaces de missiles en dehors de la zone euro atlantique. Cependant, le Conseil de sécurité des Nations unies n’a pas autorisé l’occupation américaine de l’Afghanistan, de l’Irak, de la Libye, du Yémen et de la Syrie. Les États-Unis (et leurs alliés) n’ont pas besoin d’une autorisation pour utiliser leur force meurtrière partout dans le monde. Par conséquent, l’OTAN ne peut être qu’une base américaine avancée en Europe, qui permet de garder les dirigeants européens sous son contrôle au sein du « club » et de les rallier aux objectifs américains. Les États-Unis ont, comme par hasardévoqué la doctrine Monroe de 1823, pour indiquer aux pays européens comment gérer leurs affaires étrangères. En réponse à la politique expansionniste des USA en Europe, la Russie a décidé qu’elle avait le pouvoir nécessaire pour l’arrêter avant qu’il ne soit trop tard.

Il n’est pas difficile de savoir si le ministre Lavrov est en train de relever le plafond des exigences russes ou s’il est sérieux en révélant les demandes insistantes de la Russie appelant au désarmement par les États-Unis de dizaines de bases réparties en Europe. Cela va dans le sens des exigences du président Vladimir Poutine qui a demandé, avant le début de la guerre, que l’OTAN redevienne ce qu’elle était avant 1997, lorsqu’elle comptait seulement 12 membres, ce qui implique le retrait des 16 membres qui ont adhéré à l’organisation par la suite, soit de 1999 à 2020 (à l’exclusion de la Turquie).

On ne sait pas très bien comment le président Poutine entend mettre en œuvre ses objectifs, même s’il semble sérieux. Ainsi, il a demandé à sa force nucléaire stratégique d’être pleinement préparée en réponse à l’appel de l’Occident à armer l’Ukraine et à lui fournir davantage d’armes pour prolonger la guerre.

Il est à noter dans les déclarations des dirigeants russes qu’ils sont pleinement préparés à la confrontation en toute solidarité avec le président Vladimir Poutine, contrairement à ce que souhaite le président Joe Biden. Les États-Unis tentent d’établir que la guerre relève de la décision d’une seule et même personne, soit le président russe, comme l’ont fait les précédents présidents américains en Irak (Saddam Hussein) et en Syrie (le président Bachar al-Assad). L’expression « régime de Poutine » est désormais largement utilisée.

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