La Russie menace d’imposer à ses ennemis un tsunami de sanctions

Par Elijah J. Magnier

Traduction : Daniel G.

Du gaz continue d’être acheminé en Europe par le gazoduc Yamal-Europe, le Bleu Stream 1 et 2, le Nord-Stream 1 et le Turk Stream, malgré la guerre non déclarée par les États-Unis et leurs alliés européens contre la Russie en territoire ukrainien. Sauf que l’Occident a affaire à un adversaire qui dispose de nombreuses cartes dans son jeu et qui possède les capacités qu’il faut pour faire mal à ceux qui lui imposeraient des sanctions. Le président russe Vladimir Poutine a annoncé en effet qu’il empêcherait l’exportation de produits et de matières premières de la Russie jusqu’à la fin de 2023, le temps que le gouvernement russe aura établi sa liste de pays inamicaux. Cette décision est un coup dur pour l’Europe d’abord, mais aussi pour le monde entier, qui va souffrir de la guerre économique mutuelle entre la Russie et les États-Unis.

La Russie exporte des matériaux et des produits essentiels dont le monde aura besoin dans les jours, mois ou années à venir. Elle exporte chaque année du pétrole (valeur de 141 milliards de dollars pour 35 % de ses exportations), du fer et de l’acier (16 G$ et 4,8 %), des pierres précieuses et des minéraux (30,4 G$ et 9 %), des céréales (9,5 G$ et 2,8 %), de la machinerie, y compris des ordinateurs (8,3 G$ et 2,5 %), du bois (8,2 G$ et 2,5 %), de l’engrais (7,5 G$ et 2,8 %), du cuivre (5,6 G$ et 1,7 %), de l’aluminium (5,5 G$ et 1,8 %) et du poisson (4,6 G$ et 1,4 %).

La Russie déclare donc qu’elle cessera ses exportations jusqu’à ce que la préparation d’une liste détaillée des pays « non-amis » qui ont imposé des sanctions et de ses alliés soit terminée. Cela signifie qu’elle est susceptible de cesser d’exporter du gaz vers certains pays européens ayant une position hostile à son égard (la Grande-Bretagne en tête) et d’autres alliés des États-Unis. 

La Russie annoncera également des sanctions contre les États-Unis, les premières de son histoire, qui toucheront ses exportations de platine, de titane, de palladium, de nickel et de néon. En outre, dans le contexte de la saison des plantations du printemps, la Russie abandonne les agriculteurs européens et américains, conformément à la décision politique de répondre aux sanctions occidentales par des sanctions aussi dures. La part de la Russie sur les marchés mondiaux correspond au tiers de la production mondiale d’engrais potassiques, à environ 10 % des engrais azotés et à environ 20 % de tous les autres engrais. La Russie est considérée comme le premier fournisseur de matériaux en pierre naturelle rare.

On ne sait pas comment le monde réagira, car il n’a pas vraiment calculé ou estimé à l’avance la réaction du président Poutine, de nombreux pays occidentaux croyant tout bonnement que la Russie n’était qu’une « station-service de gaz et de pétrole dotée de missiles nucléaires ». C’est le signe d’une méconnaissance totale du pouvoir réel de Moscou en ce qui concerne les sanctions et leur potentialité. Les médias institutionnels contrôlés par l’Occident ferment les yeux sur les séismes économiques pouvant provoquer un tsunami que la Russie peut causer si elle se décide elle aussi à se livrer au petit jeu des sanctions auquel se livrent les USA depuis des décennies à l’encontre de nombreuses populations dans le monde.

Le président américain Joe Biden n’a pas hésité à avertir ses citoyens qu’ils « doivent supporter les conséquences (des sanctions américaines) et que le monde sera affecté par les sanctions imposées à la Russie. » Il est possible que le désengagement des États-Unis qui mettrait fin à son 

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hégémonie sur le monde soit plus rapide que lent. Cela impliquerait la fin de la domination du dollar sur le commerce mondial et du prestige que les USA en retirent. Pendant la guerre israélo-arabe de 1973, le pétrole a été utilisé comme arme en réponse au soutien des États-Unis à Israël. Ces derniers jours, les pays arabes riches en pétrole ont refusé de se plier à la demande américaine d’augmenter leur production de pétrole et d’approvisionner le marché pour atténuer la hausse des prix mondiaux et la panique qui frappe le marché international. Les États-Unis se sont même tournés vers le Venezuela et l’Iran dans une tentative pathétique et ratée de les accueillir à nouveau sur les marchés mondiaux du pétrole et du gaz.Les sanctions imposées par l’Occident auront d’abord un effet négatif sur le continent européen, alors que la Russie se tournera vers l’Est, l’Asie et l’Afrique. La Russie a à sa disposition un marché où réside plus de la moitié de la population mondiale et peut abandonner l’Occident si l’Europe s’obstine à prendre ses décisions pour satisfaire la politique américaine plutôt que la sienne. La Russie pourrait s’abstenir de stopper l’acheminement du gaz vers l’Europe, sauf si les dirigeants européens insistent pour renforcer les sanctions à son encontre. L’Allemagne et la France se sont déjà détachées des sanctions américaines sur le pétrole. Les États-Unis importent 700 000 barils de pétrole 

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