La Turquie n’empêchera pas la Finlande et la Suède de rejoindre l’OTAN

Pourquoi a-t-on encouragé la Finlande à affronter la Russie? La riposte sera-t-elle d’ordre militaire?

La Turquie n’empêchera pas la Finlande et la Suède de rejoindre l’OTAN

La Russie paie cher ses erreurs militaires tactiques

Par Elijah J. Magnier 

Traduction : Daniel G.

Le monde se prépare à une nouvelle guerre soufflant le chaud et le froid (qui évoque la guerre froide qui s’est terminée en 1991) après que la Finlande et la Suède ont annoncé leur intention de rejoindre l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), l’alliance militaire occidentale dirigée par les États-Unis. Cette nouvelle guerre obéit à des normes et à des règles différentes, dues au fait que plusieurs pays possèdent des armes nucléaires létales en abondance et qu’ils sont divisés en deux camps. Néanmoins, la bataille fait rage loin des États-Unis, sur le même théâtre que celui où se sont déroulées la première et la seconde guerres mondiales, à savoir le continent européen. Le président Vladimir Poutine a déclaré qu’il ne resterait pas les bras croisés si les pays baltes passaient sous le contrôle des États-Unis après l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN. Quelles sont les possibilités réalistes auxquelles nous devrions nous attendre? Le monde est-il en proie à une nouvelle menace de guerre après l’Ukraine? Un affrontement nucléaire est-il probable?

La trame narrative des USA est que « tout pays a le droit d’adhérer à l’OTAN, qui ouvre ses portes à tous, et aucun pays n’a le droit de s’opposer à la souveraineté de la décision des pays qui demandent de s’y joindre ». Pour sa part, Moscou rappelle au monde que deux présidents américains ont promis que l’OTAN ne s’étendrait pas au-delà de ses limites de 1997, que sa sécurité nationale est aussi importante que celle des États-Unis lorsqu’elle est menacée, et qu’il y a des lignes à ne pas franchir. 

Cependant, Washington se contredit lorsqu’il s’oppose à l’interférence de la Russie à l’encontre de l’expansion de l’OTAN aux frontières russes d’une part, et condamne et rejette d’autre part un accord conclu entre la Chine et les îles Salomon, qui se trouvent à 9 800 km des frontières américaines.

Les États-Unis ont suscité la crainte de la Russie et ont profité de sa faiblesse dans les années qui ont suivi la perestroïka en 1991 pour ouvrir la porte de l’OTAN à de nouveaux membres. Le nombre de pays de l’OTAN est passé de 12 à 30 et l’organisation se prépare à augmenter ce nombre et à inclure l’Ukraine et la Géorgie après de multiples manœuvres et exercices conjoints. La présence de l’OTAN en Géorgie et en Ukraine provoquerait la Russie et la pousserait peut-être à la guerre, ce qui serait une bonne occasion pour la diaboliser et l’éloigner du continent européen. L’autre alternative est que Moscou accepte le fait accompli et se retrouve encerclé par des forces US hostiles et des missiles nucléaires se rapprochant de la capitale russe.

Au début du renforcement militaire de la Russie contre l’Ukraine, la Finlande a déclaré qu’elle ne rejoindrait pas l’OTAN, ce qui allait de pair avec un sondage selon lequel seuls 28 % des Finlandais souhaitaient que leur pays fasse partie de l’alliance militaire dirigée par les États-Unis. L’omniprésence du prestige du président Vladimir Poutine et la force de son armée, qui a réussi à contrecarrer les plans des États-Unis et de leurs alliés, qui étaient de destituer le président Bachar el-Assad, jouaient aussi dans la balance.

Cependant, le « plan A » poursuivi par le président Poutine et la Russie dans les premières semaines de la guerre, qui a débuté le 24 février, a révélé que l’armée russe pouvait être vaincue en Ukraine et s’enliser puis se noyer dans son propre bourbier. En effet, la décision russe stratégiquement dévastatrice lors de son attaque initiale pourrait résulter d’une erreur de calcul fatale ou reposer sur un espoir de coup d’État qui ne s’est pas concrétisé pour destituer les dirigeants pro-américains de Kiev. Les troupes russes ont alors atteint les environs de Kiev et un convoi de chars russes faisant plus de dix kilomètres de long a attendu pendant des semaines à l’extérieur de la capitale, en restant exposé aux missiles antichars à guidage laser et aux drones armés ukrainiens. La décision russe de tenir compte du lien social ukraino-russe causera à Moscou d’énormes pertes stratégiques à long terme, même si la Russie parvient à atteindre ses objectifs en Ukraine et à contrôler la vaste région du Donbass.

L’une des erreurs les plus significatives du président Poutine a été d’engager seulement un petit nombre de ses forces sur le champ de bataille, qui équivalait à moins de la moitié des troupes chargées de la défense (150 000 soldats russes contre plus de 360 000 soldats ukrainiens). L’armée ukrainienne a démontré sa volonté de se défendre et a bénéficié d’un soutien financier et militaire de la part de l’Occident et de toute la force de sa propagande. En évitant de reprendre la tactique occidentale qui consiste à intensifier les frappes aériennes et les tirs de missiles pour paralyser la volonté de l’ennemi et à recourir à une force meurtrière excessive, qui est aussi étudiée dans les collèges militaires russes, la Russie a encouragé l’Occident à la défier davantage. Les conséquences du plan militaire russe initial de « frapper avec un gant velours » ont incité le président Poutine à changer de tactique, à réduire les objectifs et à adopter un style 

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