
Bruxelles – Rédigé par Elijah J. Magnier :
Comme l’ont déclaré les dirigeants du Pentagone, l’Amérique se prépare à élever le plafond de tension avec la Chine en vue d’une éventuelle confrontation. Le Congrès a approuvé le projet de budget de la défense de 842 milliards de dollars pour moderniser les armes en vue d’un futur conflit résultant de la compétition stratégique entre les Etats-Unis et Pékin. Ce nouveau budget comprend 9 milliards de dollars supplémentaires pour renforcer les capacités militaires dans le Pacifique et en mer de Chine et pour se préparer à la guerre “si nécessaire” – comme l’a déclaré le président de l’état-major interarmées, le général Mark Milley – et pour “faire passer l’Amérique en premier”. Mais les États-Unis sont loin d’être prêts à affronter la Chine, et ce pour plusieurs raisons : Premièrement, il n’existe pas d’arguments convaincants en faveur d’une confrontation que Washington puisse présenter à ses partenaires et au peuple américain. Deuxièmement, la Chine n’a pas adopté une attitude militaire hostile à l’égard des États-Unis. Par conséquent, les hauts cris des États-Unis reflètent leur crainte de voir l’industrie chinoise de l’armement rejoindre la Russie à un moment où les forces russes progressent sur le champ de bataille en Ukraine malgré la coopération et le soutien de plus de 40 pays dirigés par les États-Unis.
En particulier, les progrès russes sur le champ de bataille ukrainien ont été lents mais constants depuis que le Kremlin a décidé de réduire le nombre de victimes parmi ses forces régulières pour confier la bataille – comme un fer de lance hâtif – aux forces contractuelles de Wagner. Cependant, l’armée régulière à l’arrière soutient les forces de Wagner, dont la mission se limite à stabiliser et à maintenir les fronts. Ces forces auxiliaires, contractées par le ministère de la Défense, sont utilisées par de grandes armées, comme les Etats-Unis, avec l’organisation “Black Water” (rebaptisée Xe Service puis Academi) déployée en Irak, en Syrie et dans d’autres pays du monde.
C’est pourquoi Moscou recherche l’aide des forces de Wagner, car le champ de bataille impulsif peut être géré par une force gérable expérimentée dans la guerre urbaine, en particulier à Bakhmont et dans les villes qui devraient suivre pour atteindre les objectifs annoncés. Le recours à des contractants permet de réduire les pertes de l’armée régulière et d’éviter la colère du peuple russe lorsque ses enfants moins expérimentés sont tués sur le champ de bataille. La Russie a fait appel à l’armée régulière pour les fortifications, l’appui-feu à distance et le soutien logistique et médical du groupe Wagner. Les forces d’intervention font également appel à l’armée de l’air russe en cas de besoin. Toutefois, les pays de l’OTAN ont fourni divers missiles antiaériens pour neutraliser l’armée de l’air russe. La Russie utilise principalement des drones de reconnaissance et des drones suicides, des missiles de précision à longue portée et des tirs d’artillerie.
La Russie recrute des centaines de milliers de nouveaux volontaires et d’entrepreneurs professionnels, car les combats restent intenses et ne semblent pas près de s’arrêter. Le président Vladimir Poutine a évité le mécontentement interne en ne demandant pas plus de conscrits, malgré l’insistance des Russes à poursuivre la guerre au mépris de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Afin d’élever le niveau de la confrontation avec l’Occident, M. Poutine a annoncé son intention d’envoyer des armes nucléaires tactiques au Belarus, “comme le font les États-Unis sur le continent européen”, selon le président russe. M. Poutine fait référence au déploiement par les États-Unis de plus de 100 têtes nucléaires en Belgique, en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas et en Turquie.
Le coordinateur de la politique étrangère européenne, Josep Borrell, a toutefois mis en garde contre le déploiement d’armes nucléaires tactiques en Biélorussie, qualifiant cette initiative d'”escalade irresponsable et de menace pour l’Europe, et l’Union européenne est prête à y répondre par de nouvelles sanctions”. Il n’existe pas de têtes nucléaires démocratiques et dictatoriales. Il est donc peu probable que l’Europe impose des sanctions efficaces à la Russie et accepte que des nations européennes accueillent des bombes nucléaires américaines. Le plus grand perdant sera l’Europe, qui est truffée d’armes nucléaires et que les Américains veulent frapper en premier en cas de guerre majeure entre les superpuissances. Toutefois, le continent européen n’a pas besoin des bombes nucléaires américaines, car la France et la Grande-Bretagne disposent de centaines d’ogives nucléaires pour se défendre. L’Amérique a donc utilisé l’arène européenne pour attaquer la Russie à partir du continent voisin, espérant que l’Europe, et non l’Amérique, serait l’arène des échanges nucléaires en cas de guerre majeure.
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