Guerre contre le Liban, l’Iran ou le Hezbollah? Non. Seulement des préparatifs en vue de l’établissement de relations entre l’Arabie saoudite et Israël

21 Novembre 2017

Par Elijah J. Magnier: @ejmalrai

Traduction : Daniel G.

« Ce n’est pas d’une guerre contre le Hezbollah, l’Iran ou le Liban qu’il s’agit, mais de préparatifs en vue de l’établissement de relations ouvertes entre l’Arabie saoudite et Israël. » C’est du moins ce qu’affirme un décideur engagé dans la lutte que se livrent Israéliens, Arabes et Iraniens.

Au Yémen, le Hezbollah n’a jamais eu de présence forte, quelques dizaines de conseillers seulement y sont allés pour proposer un entraînement et partager leur longue expérience acquise durant les nombreuses années de guerre contre Israël et en Syrie. Ces membres des forces spéciales du Hezbollah étaient présents au Yémen pour montrer aux Houthis comment se défendre contre la coalition dirigée par les USA et l’agression saoudienne continuelle. C’est le devoir des Musulmans de défendre les opprimés (Mustad’afeen), comme l’Imam Khomeiny l’a fait en soutenant les Libanais pendant l’invasion israélienne de 1982. Ce même devoir religieux a amené également l’Iran à soutenir l’Irak contre les forces d’occupation en 2003 ainsi que la résistance afghane. « Aujourd’hui, les Yéménites sont exterminés pendant que le monde regarde, impuissant et paralysé, en laissant l’Arabie saoudite détruire le pays et tuer sa population. »

Mais le savoir-faire du Hezbollah est moins en demande qu’avant au Yémen. La résistance a acquis suffisamment d’expérience et d’entraînement en combattant dans un environnement différent de celui du Liban, de la Syrie ou de l’Irak. La présence du Hezbollah n’est plus requise au Yémen ou en Irak, où le groupe armé « État islamique » (Daech) a été défait et expulsé de toutes les villes irakiennes. Aujourd’hui, les Irakiens disposent d’assez d’hommes, d’équipement perfectionné et d’expérience pour affronter tous les dangers. Par conséquent, les forces de l’Iran, du Hezbollah et même des USA n’ont plus leur raison d’être en Mésopotamie.

En Syrie, la source croit que « le Hezbollah est au Levant à la demande du président syrien Bachar al-Assad, afin de combattre les takfiris inconditionnels du refus et le terrorisme. Avec la prise de contrôle d’Albu Kamal par l’armée syrienne, Daech a perdu la dernière ville qu’il détenait en Syrie, bien qu’il maintienne encore une présence à l’est de l’Euphrate, dans la Badia (steppe syrienne) et dans quelques poches à la frontière sud de la Syrie. Des milliers de militants d’al-Qaeda sont toujours à Idlib, dans le secteur d’al-Hajar al-Aswad et au sud de la Syrie. Par conséquent, c’est seulement à la demande du président syrien que le Hezbollah peut rester ou quitter le pays. Les Américains, les Israéliens et les Arabes auront beau crier aussi fort qu’ils le peuvent, la présence du Hezbollah en Syrie dépend exclusivement du gouvernement syrien. »

Pour ce qui est du Liban, le premier ministre Saad Hariri a été libéré de sa prison dorée en Arabie saoudite et devrait retourner en terre libanaise dans les prochaines heures. Selon la source, « il n’y a pas de guerre arabe contre l’Iran dans la région ou de guerre israélienne contre le Liban. Ce qui ne veut pas dire que le Hezbollah peut rentrer à la maison et cesser ses préparatifs en vue d’une guerre à venir possible. Le retour d’Hariri au Liban est manifestement lié à un programme saoudien, où il demandera au Hezbollah de se retirer de la Syrie, du Yémen et de l’Irak, et de remettre ses armes. Il convient de noter que le Hezbollah a soutenu la mise en liberté d’Hariri parce qu’il était détenu illégalement en Arabie saoudite et qu’il est le premier ministre du Liban. On ne peut permettre à l’Arabie saoudite de faire comme si le Liban était une province saoudienne. Quant à Hariri, il est illusoire de croire qu’il va retourner au Liban en héros capable de dicter la politique saoudienne, qu’il peut concrétiser les désirs de l’Arabie saoudite et qu’il parviendra à ce que les USA, Israël et l’Arabie saoudite n’ont pu obtenir. S’il insiste pour imposer le programme saoudien, il pourra retourner en Arabie saoudite, cette fois à titre d’ancien premier ministre défait. Le Moyen-Orient comme le perçoit l’Arabie saoudite ne convient tout simplement pas à la multiethnicité et à la convivialité qui existe au Liban entre les religions, les divers groupes politiques et leurs représentants ».

La question en cause n’est donc pas l’Iran, les réserves d’armes du Hezbollah ou son intervention militaire régionale. La guerre en Syrie a été remportée par « l’axe de la résistance », car la partie adverse (USA, UE, Qatar, Jordanie, Turquie et Arabie saoudite) n’a pas réussi à renverser le régime, à détruire la culture multiethnique de la Syrie et à lier les mains des extrémistes. Il s’agit tout simplement de l’Arabie saoudite qui prépare le terrain en vue d’établir des relations ouvertes avec Israël.

L’Arabie saoudite agit comme s’il lui fallait ce scénario pour couvrir ses relations à venir avec Israël. Pas un jour ne se passe sans que des universitaires, des rédacteurs et même des responsables saoudiens se servent du prétexte de « combattre l’Iran, l’ennemi commun » pour justifier l’établissement de relations avec Israël. En fait, l’opinion publique israélienne est prête à accueillir l’Arabie saoudite, et vice versa.

Ce nouveau projet saoudien est limpide et ne bernera pas l’Arabe de la rue. Les pays arabes ont promis d’établir des relations officielles avec Israël en échange des têtes dirigeantes du Hezbollah et de l’Iran servies sur un plateau d’argent. En contrepartie, les USA et Israël ont promis de s’engager de façon positive dans le conflit israélo-arabe.

Mais cela ne réglera en rien le conflit israélo-arabe et Trump pourrait très bien ne pas remplir ses promesses. Israël n’abandonnera rien aux Arabes en échange de ce qu’il obtient gratuitement (l’établissement de relations avec les pays du Golfe). Ceux qui se précipitent pour créer des liens avec Tel-Aviv le font de leur propre gré pour se servir d’Israël pour jeter des ponts vers les USA. La nouvelle alliance entre les USA, l’Arabie saoudite et Israël ne parviendra toutefois pas à livrer les têtes dirigeantes de l’Iran et du Hezbollah sans précipiter la région dans une guerre généralisée. Ces pays sont-ils prêts à se lancer dans une telle guerre dont le prix à payer dépassera largement les bénéfices?