
Par Elijah J. Magnier
Traduction : Daniel G.
Les villes ukrainiennes tombent les unes après les autres, dissipant les espoirs de l’Occident de vaincre rapidement la Russie en frappant son économie, en l’affaiblissant et en l’écartant des rangs des grandes puissances. Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a ainsi révélé les souhaits et les objectifs de son pays durant les premières semaines de la guerre. Le président russe Vladimir Poutine ne semble pas pressé de mettre fin à la bataille en Ukraine. En fournissant à Kiev un flux continu d’armes sans considération de la supériorité militaire et du succès de la Russie sur le champ de bataille, l’Occident semble déterminé à empêcher l’Ukraine de signer un traité qui satisferait la Russie. Les USA et l’Union européenne tiennent absolument à faire mal à la Russie, mais la soif d’énergie, l’augmentation des prix du pétrole qui oscillent entre 108 et 120 dollars le baril et l’incapacité de l’Ukraine à protéger le Donbass leur cause une vive douleur.
En outre, la Russie voit comment les sanctions que les USA et l’Europe lui imposent les affectent eux-mêmeséconomiquement. Moscou observe comment l’Occident s’épuise financièrement et militairement en raison du soutien direct sans relâche et coûteux apporté à Kiev. La population européenne est la première victime d’une inflation qui ne sera pas tolérée longtemps. En outre, la décision de l’Union européenne de réduire sa dépendance à l’égard de l’énergie russe endommagera les industries de l’UE jusqu’à un effondrement définitif, en particulier dans les secteurs de l’aluminium, du verre, de la chimie et au chauffage.
Un tel effondrement aurait des conséquences désastreuses sur l’économie européenne et entraînerait dans son sillage des troubles sociaux inévitables après l’été. La Russie a réduit de 60 % ses livraisons par le gazoduc Nord Stream One, et l’ensemble du gazoduc doit être fermé ce mois-ci à des fins de maintenance. Moscou a déclaré qu’il doit effectuer la maintenance des turbines, tandis que l’Allemagne a émis des doutes quant à la reprise du pompage par Nord Stream par la suite. Il est difficile de comprendre l’approche européenne qui, tout en imposant de lourdes sanctions à la Russie et en fournissant des armes à l’Ukraine, s’attend toujours à ce que le gaz russe coule vers le vieux continent jusqu’à ce que les dirigeants de l’UE trouvent d’autres solutions à leur aise. Mais le plus gros problème réside dans la question suivante : L’une des superpuissances acceptera-t-elle de perdre, et comment le perdant réagira-t-il?
Le président Joe Biden s’est rendu en Europe pour rencontrer les dirigeants des pays riches du G7 en Allemagne, avec pour objectif clair de s’assurer qu’ils tiennent bon et coopèrent avec les USA pour maintenir un front uni contre la Russie, peu importe le prix à payer. Les USA ont persuadé la Grande-Bretagne, le Canada et le Japon de les rejoindre en frappant d’interdiction l’importation d’or russe (les livraisons à la Grande-Bretagne représentent 90 % de toutes les exportations d’or russe). Moscou exporte de l’or pour une valeur totale de 19 milliards de dollars d’or par an, ce qui le place au deuxième rang des matières exportées après l’énergie.
Les USA n’ont pas réussi jusqu’à présent à persuader plus des deux tiers des pays du monde (Asie, Moyen-Orient, Afrique et Amérique latine) de se joindre à l’Occident pour imposer des sanctions à la Russie ou aux pays qui entretiennent des relations avec Moscou. En fait, seuls les représentants de 16 % de la population mondiale ont sanctionné Moscou. Par conséquent, ces mesures occidentales indiquent la détermination et l’espoir des USA de remporter la bataille contre la Russie ou du moins paralyser son économie.
L’imposition par Washington de sanctions unilatérales et non-onusiennes contre Moscou signifie deux choses. Premièrement, les USA sont convaincus que la Russie ne sera pas vaincue par des moyens militaires et que seul le recours à la force militaire nucléaire (aucun pays ne veut en venir là en raison des destructions massives qu’elle provoque) peut influer sur les résultats de la guerre en Ukraine. Deuxièmement, les sanctions économiques constituent le seul moyen dont dispose l’Occident pour imposer une défaite « soft » à la Russie dans l’espoir de la subjuguer ou de la pousser à un bouleversement économique interne qui ferait changer le régime à Moscou. Mais les USA ne peuvent s’appuyer sur cette hypothèse pour plusieurs raisons.
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