Élargissement du théâtre de guerre par Israël : Homs, Liban et Eilat

Par Elijah J. Magnier 

Traduction : Daniel G.

Marquant une évolution importante de la dynamique du conflit en cours au Moyen-Orient, Israël a récemment intensifié ses opérations militaires, en enfreignant les règles d’engagement établies de longue date avec le Hezbollah. Cette escalade comprenait notamment une frappe aérienne sur un camp du Hezbollah à Homs, en Syrie, qui a tué sept personnes, dont un officier supérieur. Cette action constitue une rupture par rapport au schéma habituel des hostilités entre Israël et le Hezbollah. 

Pour compliquer les choses, Israël a effectué une nouvelle frappe aérienne le lendemain, samedi 11 novembre. Cette frappe visait ce qui semblait être un site non militaire – un camion sans pilote dans une bananeraie. Cependant, l’emplacement de cette frappe, à 40 kilomètres de la frontière libanaise, marque une escalade significative du conflit. Cet élargissement du champ de bataille est considéré comme une manœuvre stratégique, sanctionnée par le mini-gouvernement de guerre israélien dirigé par le premier ministre Benjamin Netanyahou.

Plusieurs facteurs pourraient avoir influencé la décision de Netanyahou d’élargir la portée de l’action militaire. Parmi ceux-ci, les résultats de la guerre en cours à Gaza, le déploiement massif des forces américaines au Moyen-Orient et le soutien occidental considérable dont il bénéficie, ce qui, selon les critiques, l’encourage à commettre des actes qui sont considérés comme des crimes contre l’humanité et une épuration ethnique.

Cette escalade soulève des questions cruciales sur les intentions d’Israël et les plus grandes répercussions que ces actes pourraient avoir. L’une des principales préoccupations est de savoir si Netanyahou élargit délibérément la portée du conflit pour attirer les États-Unis et d’autres puissances régionales, ce qui pourrait conduire à un engagement militaire plus large et plus complexe dans la région.

Tout au long du conflit syrien, le Hezbollah a établi une puissante équation de dissuasion avec Israël, qui garantissait que toute atteinte à ses membres entraînerait des répercussions militaires importantes le long de la frontière entre le Liban et Israël. Cette stratégie était si efficace qu’elle a souvent entraîné la disparition d’une présence militaire israélienne visible dans la région, par précaution contre d’éventuelles représailles du Hezbollah.

Le début du « déluge d’Al-Aqsa » a marqué une nouvelle phase dans le conflit entre le Hezbollah et Israël. Le Hezbollah a notamment inauguré cette période de tensions accrues en attaquant une installation radar israélienne sur le territoire libanais occupé. Cette attaque, qui a eu lieu le 8 octobre, a créé le précédent d’une série d’hostilités mutuelles qui ont fait d’importantes victimes de part et d’autre. Toutefois, ces affrontements visaient principalement des cibles militaires.

Malgré l’adhésion générale à cette forme de ciblage, il y a eu des cas où Israël s’est écarté de la norme établie. L’une des violations les plus notables a été une attaque israélienne contre une ambulance et une autre contre un véhicule civil, qui ont entraîné la mort tragique de quatre civils, dont trois enfants et leur grand-mère. Le véhicule dans lequel ils se trouvaient était soupçonné par erreur par Israël d’être lié à la résistance libanaise.

Le Hezbollah a toujours pris l’initiative de frapper en premier des cibles israéliennes. Ces opérations se limitaient à un rayon de 5 kilomètres de la frontière, une limite que les deux parties au conflit s’étaient imposé de respecter. Toutefois, cette limite a parfois été enfreinte en raison de circonstances particulières, ce qui illustre la nature fluide et complexe des règles d’engagement à l’heure actuelle.

La série d’attaques lancées depuis la frontière libanaise contre des cibles israéliennes impliquait non seulement le Hezbollah, mais aussi plusieurs organisations palestiniennes. Malgré cela, Israël est resté sceptique quant à la non-implication du Hezbollah, en grande partie en raison de l’influence et du contrôle importants du groupe sur toutes les activités militaires le long de la frontière. Ce scepticisme a persisté malgré un état de guerre non déclaré et des règles d’engagement spécifiques entre Israël et le Hezbollah pendant plus de 36 jours.

Si Israël n’a pas reconnu publiquement le rôle direct du Hezbollah dans chaque attaque transfrontalière, il a tenu l’organisation pour responsable de toute agression émanant du territoire libanais. Cette position a été maintenue malgré les origines diverses des attaques, ce qui est représentatif de la dynamique complexe du conflit.

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