
Par Elijah J. Magnier
Traduction : Daniel G.
Il y a quelques mois, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman (MBS) a déclaré que « l’Arabie saoudite présente un énorme potentiel dans le monde, s’il (le président américain Joe Biden) ne veut pas en profiter, d’autres (la Chine) en seront très heureux. Je me fiche de ce qu’il pense de moi. C’est à lui de penser aux intérêts des USA ». Le jeune prince n’a pas eu trop longtemps à attendre, car Biden a annoncé qu’il se rendra au Moyen-Orient cette semaine de sa propre initiative pour promouvoir les intérêts américains, et non en réponse à l’invitation de l’Arabie saoudite. Les justifications du président américain sont-elles honnêtes et raisonnables? Quels sont ses objectifs fondamentaux?
Biden a publié récemment un article dans le Washington Post, pour expliquer la raison de sa visite en Arabie saoudite, afin d’apaiser la rédaction du journal qui a perdu son chroniqueur Jamal Khashoggi, démembré par l’escadron de la mort de MBS à l’ambassade saoudienne en Turquie selon les conclusions de la CIA. Biden rompt ainsi sa promesse de donner une leçon aux dictateurs en punissant l’Arabie saoudite, c’est-à-dire en refusant de livrer des armes aux Saoudiens, en voulant les traiter en « parias » et en faisant cesser la guerre saoudienne menée au Yémen. Biden rompt littéralement toutes ses promesses en expliquant que sa visite est« le début d’un nouveau chapitre plus prometteur de l’engagement américain au Moyen-Orient».
Dans une même phrase, Biden a récolté plus d’une inexactitude intentionnellement trompeuse. La relation entre l’Arabie saoudite et les USA est ancienne, car elle remonte à l’année de la création du royaume en 1931 et après la nomination du premier ambassadeur américain en 1940. Depuis lors, cette relation s’est développée pour atteindre un niveau stratégique. La position prestigieuse que Riyad représente parmi les États arabes du Golfe, sa production pétrolière élevée et ses ressources financières prolifiques, qu’elle a généreusement consacrées à ses investissements à l’intérieur des USA et dans le royaume, ont fait de Riyad un partenaire américain privilégié. Depuis des décennies, les Saoudiens choisissent toujours des entreprises américaines pour travailler avec eux en Arabie saoudite sur des projets énergétiques et de développement des infrastructures.
Le prince Bandar ben Sultan a déclaré que son pays soutenait les guerres américaines à la demande de Washington. Cela indique clairement le rôle auquel on s’attendait de l’Arabie saoudite au cours des dernières décennies comme bailleur de fonds des nombreuses guerres du président américain, même celles qui ne bénéficiaient pas du soutien budgétaire du Congrès. Quant au nouveau chapitre de « l’engagement des USA au Moyen-Orient » soulevé par Biden pour justifier sa visite en Arabie saoudite, il est surprenant et absurde d’entendre ces mots de la part d’un président d’expérience (ancien membre du Congrès et vice-président). En effet, les forces US sont présentes dans des dizaines de bases au Moyen-Orient, comptent des soldats en Irak, occupent le nord-est de la Syrie, et ont positionné leur sixième flotte dans les eaux méditerranéennes. En outre, la CIA dispose de bases dans
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