Les USA l’emportent haut la main au détriment de l’Europe, le plus grand perdant

Par Elijah J. Magnier

Traduction : Daniel G.

Les ministres de l’Énergie de l’Union européenne n’ont pas réussi, lors de leur première réunion, à fixer un plafond au prix de l’énergie pour éviter l’effondrement de l’unité européenne, qui est à deux doigts de la division en raison des conséquences de la guerre en Ukraine. N’empêche que le désaccord des dirigeants des pays européens est aussi une bénédiction pour les populations des 27 États membres, qui paient chèrement la loyauté de l’Europe envers les États-Unis d’Amérique. Depuis plusieurs mois, les prix élevés des matières premières, des denrées alimentaires et de l’énergie pèsent lourdement sur les citoyens européens. Les USA reconnaissent que leurs alliés européens paient à prix fort le respect des sanctions américano-européennes à l’encontre de la Russie, qui frappent d’abord et avant tout leur approvisionnement énergétique. Washington ne fait qu’en retirer des bénéfices, en engrangeant les profits de la vente de gaz tout en défendant son unipolarité et son trône mondial. Sauf que cela contribue grandement à drainer la richesse et l’énergie de l’Union européenne. En suivant la politique antirusse de Washington, les pays membres de l’UE sont censés rester obéissants pendant de nombreuses années, en maintenant un fardeau que la population européenne pourrait ne pas accepter très longtemps.

Au cours de la première semaine de septembre, les pays membres de l’UE n’ont pas réussi à trouver un mécanisme permettant de surmonter leurs divergences découlant de l’énorme disparité entre eux concernant la dépendance de leurs économies vis-à-vis du carburant. La Hongrie, la République tchèque et l’Allemagne font partie des pays qui se sont farouchement opposés à l’idée de plafonner les prix du gaz russe, ce qui souligne leur dépendance à l’égard de ce combustible malgré la position modérément optimiste du Conseil européen. Pour l’instant, les ministres de l’UE ont discuté des mesures possibles au niveau européen qui pourraient être mises en œuvre à court terme. La présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, devrait présenter les propositions de la Commission européenne le 14 septembre.

Le 3 juin, l’Union européenne a adopté le sixième train de sanctions, dont un embargo partiel sur le pétrole russe. Les sanctions interdiront les importations maritimes de pétrole brut russe à partir du 5 décembre 2022, et les importations de produits pétroliers à partir du 5 février 2023. Les pays membres de l’UE n’ont aucune idée de la manière dont ils trouveront une autre source d’énergie après décembre, d’autant plus que l’Iran n’est toujours pas considéré comme un exportateur officiel en raison des différences découlant de la clôture de l’accord sur le nucléaire iranien, connu sous le nom de Plan d’action global commun (PAGC).

La politique de l’UE devrait être décidée sur le continent en fonction des intérêts de la population. Cependant, les décisions de l’UE sont inspirées par Washington, qui a insisté pour obtenir la suspension du flux de gaz russe vers l’Europe via le gazoduc Nord Stream 2. Les USA sont allés plus loin, en renouvelant leur emprise sur les dirigeants de l’UE et en rassemblant les pays membres de l’OTAN à un moment où l’organisation était au bord de l’effondrement, comme l’a exprimé alors le président français Emmanuel Macron, lorsqu’il a dit qu’elle était en état de « mort cérébrale ».

Au cours des premières semaines du conflit américano-russe sur le territoire ukrainien, l’évaluation globale était que les pays de l’UE, principalement l’Allemagne, la France et l’Italie, éviteraient d’être entraînés dans une escalade significative avec la Russie. Les pays industriels riches de l’UE croyaient pouvoir maintenir des canaux de communication avec la Russie pour garder la porte ouverte à la possibilité d’un règlement pacifique, apaisant ainsi les inquiétudes de la Russie.

Cependant, la dérive de ces pays derrière la stratégie américaine et le sacrifice de leurs énormes intérêts communs avec la Russie dans le domaine énergétique ont confirmé la fausseté de leur évaluation initiale. La réalité est que le camp occidental, tant les USA que l’Europe, a trouvé dans cette guerre une occasion de tenter de restaurer son hégémonie vacillante. Historiquement, cette hégémonie a été obtenue avant tout par le colonialisme et la guerre ou la menace d’y recourir pour dissuader ceux qui rejetaient le modèle occidental. La logique actuelle de l’approche occidentale est la suivante : nous allons vaincre la Russie, dissuader la Chine, soumettre l’Iran et rétablir notre leadership mondial.

Les élites occidentales considèrent qu’elles sont en état de guerre et tentent de mobiliser leurs sociétés sur cette base. Elles pensent que la victoire en Ukraine marquera le début de victoires supplémentaires contre tous leurs autres adversaires. Toutefois, le coût élevé de cette guerre pour l’Occident et la coopération de toutes les parties visées par cette politique occidentale agressive pourraient contraindre les Européens à revoir leur approche à l’égard du changement en cours, car ce sont eux qui paient le prix le plus lourd.

La Russie a déclaré qu’elle cesserait de livrer du gaz à tous les pays qui imposeront un plafonnement des prix, en sachant très bien que ce sont eux qui ont le plus besoin d’énergie. Il est quand même surprenant que des pays fixent des prix pour une énergie dont ils ne peuvent se passer tout en disposant de sources d’approvisionnement de rechange limitées pour répondre à leurs besoins. Mais cela entre tout à fait dans la mentalité coloniale de l’Europe qui a accumulé ses richesses en dominant d’autres pays au cours des dernières décennies. Voilà pourquoi l’Europe juge qu’il est possible, comme l’a dit la présidente allemande de la Commission européenne Von der Leyen, d’empêcher la Russie d’augmenter ses revenus gaziers et d’imposer un prix à Moscou. Von der Leyen croit que la Russie acceptera tous les diktats européens, quels qu’ils soient. 

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