
Par Elijah J. Magnier
Traduction : Daniel G.
Washington envoie des messages contradictoires à Pékin. D’un côté, il considère la Chine comme un ennemi qu’il faut être prêt à combattre. De l’autre, il appelle à se préparer à réchauffer les relations jusqu’ici ambiguës avec la Chine, comme l’ont annoncé le président Xi Jinping et son homologue américain Joe Biden à l’issue de leur rencontre en Indonésie en marge du sommet du G-20 à Bali. Les USA se dirigent-ils vers une nouvelle guerre avec le géant industriel pour entraîner le dragon chinois dans les griffes de l’aigle américain, ou s’agit-il simplement d’une guerre de propagande visant à empêcher le rapprochement et la coopération entre Chinois et Russes en ce qui concerne l’Ukraine ?
Nous avons droit à bien plus qu’une guerre de propagande, mais sans aller jusqu’à une préparation en vue d’une confrontation militaire avec la Chine. Dans un plan de défense stratégique présenté au Congrès, le Pentagone a déclaré que « la Chine et la Russie posent des défis plus dangereux pour la sûreté et la sécurité, au même titre que les menaces terroristes ». Le président Biden a déclaré qu’il était plus préoccupé par la Chine que par la Russie en déclin. Le secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, a déclaré que « La Chine est le seul concurrent dont l’intention est de remodeler l’ordre international (occidental), et il a de plus en plus le pouvoir de le faire ». La stratégie de défense américaine place les USA dans une situation de guerre froide contre la Chine et la Russie.
Selon la rhétorique américaine, la Chine affaiblit activement les alliés des USA en Asie et « il faut l’arrêter avant qu’elle ne modifie l’ordre établi par les USA en Asie » (l’hégémonie américaine). Ce sont là des indications claires de la part de l’administration américaine qui craint que sa domination mondiale ne soit remise en question en Ukraine et dans d’autres parties du monde, principalement parmi ses alliés du Moyen-Orient. La Chine est en effet un géant économique et militaire doté de moyens colossaux. Pour les USA et leurs alliés de l’OTAN, ce ne sera pas de tout repos que d’affronter la Chine comme ils le font avec Moscou. L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, contrairement à ce que son nom indique, s’est donné comme objectifs de prendre des « mesures économiques contre la Chine », qui reprennent en fait les objectifs américains que ne partagent pas la plupart des 30 pays membres de l’OTAN.
L’augmentation de la pression contre Pékin a un but précis : pousser les dirigeants chinois à évaluer les risques qu’ils pourraient courir en affrontant l’Occident, même si la Chine n’a jamais montré de signe en ce sens dans sa politique étrangère ou asiatique. C’est du déjà vu dans la politique de guerre préventive prônée par les USA, qui consiste à montrer les dents pour intimider leurs adversaires. Sauf que la Chine ne fait pas partie des pays vulnérables et elle a les moyens économiques et militaires de s’opposer aux USA à plusieurs niveaux s’il le faut. Supposons qu’à un moment donné, les USA prennent des mesures sévères contre la Chine. Dans ce cas, Pékin joindra ses efforts à ceux de la Russie, qui en serait ravie, et à ceux d’autres pays asiatiques et africains qui bénéficient déjà de leurs excellents liens avec la Chine.
Les relations Chine-USA ont atteint un creux historique sous l’administration du président Donald Trump, ponctué par une guerre commerciale et des sanctions contre les technos chinoises. Le président Biden a non seulement maintenu les sanctions de son prédécesseur, mais il a ajouté plus de 110 entités chinoises sur la liste, portant leur nombre à 600. Pékin a commencé par accorder des exemptions tarifaires sur 95 produits américains. Mais la Chine a ensuite imposé des droits de douane à hauteur de plus de 100 milliards de dollars sur d’autres produits américains, à la suite de l’imposition, par le Bureau du Représentant américain au commerce, de droits de douane à hauteur de 360 milliards de dollars sur des biens chinois.
Les mesures hostiles des USA se sont poursuivies. Le département d’État américain a suspendu les pourparlers de coordination des politiques de défense avec la Chine ainsi que la coopération sur la criminalité transnationale, la lutte contre la drogue, le changement climatique et les politiques de défense consultatives maritimes.
En dépit de ces mesures hostiles, Biden a appelé à coopérer sur le changement climatique, la stabilité économique mondiale, la santé mondiale et la sécurité alimentaire, à surmonter les différences et à travailler ensemble. Le président américain a suggéré d’éviter les conflits entre les deux pays afin d’améliorer leurs relations. L’administration américaine a affirmé qu’elle ne cherchait pas à changer le régime en place en Chine ni à déclencher une guerre froide. Les USA ont confirmé qu’ils ne soutiendront pas l’indépendance de Taïwan et ne rompront pas leurs liens diplomatiques et économiques. Les Américains ont confirmé qu’ils n’ont pas l’intention de transformer la concurrence économique et technologique en conflit.
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