
Par Elijah J. Magnier
Traduction : Daniel G.
L’Iran et le Hezbollah font l’objet de menaces croissantes de la part d’Israël. Dans un contexte géopolitique en pleine évolution, l’Iran a atténué les tensions avec les États arabes et les pays voisins tels que le Turkménistan, le Kazakhstan et l’Arménie. Ce virage stratégique vise à consolider l’influence de Téhéran dans des domaines clés tout en renforçant l’axe anti-américain et anti-israélien en Palestine, au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen. Israël reste toutefois préoccupé, notamment parce que les USA sont concentrés sur leur guerre par procuration avec la Russie en Ukraine et qu’ils se préparent à s’en prendre à la Chine. En conséquence, Israël a récemment intensifié ses mises en garde d’une attaque contre l’Iran et a exprimé la gravité du risque de cibler le Liban et le Hezbollah, alimentant ainsi les craintes d’un conflit régional à grande échelle au Moyen-Orient. Le major général Aharon Haliva, chef de la direction du renseignement militaire israélien (Aman), a accusé le secrétaire général du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, d’être sur le point de « commettre une erreur qui pourrait conduire à une guerre au Moyen-Orient » parce que le Hezbollah pourrait ne pas être seul à combattre Israël.
L’habitude du premier ministre israélien Benjamin Netanyahou de vociférer contre l’Iran et de l’accuser d’être en voie d’atteindre une capacité nucléaire n’est pas nouvelle. Il poursuit cette politique depuis des années, malgré l’affirmation de l’Agence internationale de l’énergie selon laquelle ces affirmations sont infondées. Cette rhétorique vise principalement un public israélien de plus en plus mécontent du premier ministre et de son gouvernement. Des appels de plus en plus nombreux ont été lancés à Netanyahou pour qu’il démissionne ou remplace ses ministres extrémistes, mais il s’est abstenu de prendre de telles mesures afin d’éviter l’effondrement de son gouvernement. En conséquence, Netanyahou provoque des crises avec les organisations palestiniennes, orchestre des assassinats et perpètre des massacres contre des dirigeants et des civils palestiniens afin de détourner l’attention des problèmes internes en se concentrant sur les préoccupations de sécurité.
Dans les prochains jours, l’Agence internationale de l’énergie devrait publier un rapport sur sa surveillance des activités nucléaires de l’Iran. Cela pourrait compromettre les accusations d’Israël, sans toutefois atténuer l’animosité idéologique sous-jacente entre Tel-Aviv et Téhéran. La principale préoccupation d’Israël concerne les tirs de roquettes sporadiques – quoique de faible intensité – en provenance du Liban, qui constituent un message clair du Hezbollah indiquant sa volonté de s’allier à la résistance palestinienne s’il le faut. Toutefois, le Hezbollah pourrait ne pas tenir compte d’autres facteurs, tels que la détérioration de la situation économique du Liban, quand arrivera le moment d’agir et de réagir d’un seul front avec tous les membres de l’Axe de la Résistance. Israël est bien conscient de l’influence étendue de l’Iran dans divers pays du Moyen-Orient, ce qui ajoute à ses préoccupations.
En outre, le gouvernement israélien est particulièrement alarmé par les liens croissants de l’Iran avec les pays du Moyen-Orient, qu’il interprète comme une acceptation du rôle incontestable de l’Iran dans la région. Grâce à ses alliés, l’Iran s’est assuré un accès au détroit d’Ormuz, à la Méditerranée et à la mer Rouge. Ce positionnement permet à l’Iran de frapper Israël à partir de plusieurs théâtres, comme en témoignent les attaques passées contre des navires israéliens et l’utilisation de drones depuis la Syrie. En outre, le soutien indéfectible de l’Iran aux mouvements de résistance en Irak, au Liban, en Syrie et au Yémen renforce les inquiétudes d’Israël. La récente déclaration de Sanaa, au Yémen, affirmant que ses principaux adversaires sont les États-Unis et Israël, tout en exprimant sa volonté de se joindre à la lutte contre Tel-Aviv aux côtés de la Palestine, renforce l’unité des différents fronts contre Israël. Tel-Aviv a tenté de vaincre l’Iran sur de nombreux théâtres, plus particulièrement en Syrie, mais il a échoué lamentablement.
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Les récents événements en Syrie ont fait ressortir un changement significatif. Les forces de la résistance syrienne ont tiré sur un drone israélien, ce qui constitue une réponse claire aux avertissements de Netanyahou et de son ministre de la Défense, Benny Gantz, qui ont juré que leurs menaces ne resteraient pas lettre morte. L’Iran a réussi à établir une force auxiliaire idéologiquement alignée sur lui en Syrie, qui est entièrement équipée et entraînée selon la méthodologie des forces spéciales du Hezbollah, les « forces Radwan ». Ces dernières sont stratégiquement positionnées le long de la frontière libanaise et ont récemment effectué des manœuvres militaires simulant l’occupation d’une colonie frontalière israélienne.
Cette démonstration souligne que la prochaine bataille ne se limitera pas au Liban et à un simple échange de roquettes, de missiles et de drones. La bataille sera transférée en Palestine occupée et des attaques seront menées contre des colonies israéliennes par les forces Radwan. Netanyahou et son gouvernement, qui se sont abstenus pendant des années de cibler les membres du Hezbollah en Syrie et de s’engager dans des affrontements le long de la frontière libanaise, jugent cette évolution très inquiétante.
Le chef d’état-major israélien, Herzi Halevi, a déclaré que le Hezbollah a été « freiné », tout en reconnaissant que le groupe a compris la pensée stratégique d’Israël. « Cette compréhension encourage le Hezbollah à défier Israël », a-t-il déclaré. Cependant, Israël s’est gardé de s’en prendre au Hezbollah au Liban, dans la mesure où il s’est abstenu d’accuser le groupe d’orchestrer des attaques à la roquette – un signe clair de l’incapacité d’Israël à défier le Hezbollah. En réponse à la provocation du Hezbollah, Israël a mené des frappes aériennes sur une plantation de bananes abandonnée afin d’éviter l’escalade et les représailles du Hezbollah.
L’escalade verbale de Netanyahou contre l’Iran coïncidait avec le sommet du G7 et une réunion à Djeddah à laquelle participait le président syrien Bachar al-Assad. Cette coïncidence suggère une tentative d’attirer l’attention, d’autant plus qu’Israël ne lancerait une attaque contre l’Iran qu’avec le soutien des États-Unis. Israël postule donc qu’il peut attaquer l’Iran, qui comprend les limites de Tel-Aviv.
Toutefois, cela n’exclut pas la possibilité que l’Iran riposte, si l’on se fie à ses actions passées, comme son attaque de la principale base militaire américaine en Irak après l’assassinat du major général Qassem Soleimani et de ses associés. Israël peut-il effectivement paralyser les capacités militaires de l’Iran en se lançant dans une attaque? Peut-il empêcher l’Iran d’utiliser efficacement son expertise nucléaire et ses avancées scientifiques maintenant qu’il a enrichi l’uranium à 60 %? Il y a un long chemin à parcourir entre la menace de bombarder l’Iran et le passage à l’acte.
L’Iran a annoncé avoir en sa possession le Khormshar-4, un missile stratégique doté d’une capacité d’évasion radar, d’une portée de 2 000 km et d’une capacité destructrice équivalant à 1 500 kg d’explosifs. En outre, l’Iran, conjointement avec ses puissants alliés en Asie, s’active à mettre au point de redoutables missiles supersoniques afin de renforcer ses capacités de dissuasion et de cibler efficacement tout adversaire, quelle que soit sa supériorité aérienne. Les missiles hypersoniques iraniens ne peuvent être interceptés par aucun système existant. Cette évolution met en évidence la capacité de l’Iran, de pair avec ses alliés, d’esquiver le Dôme de fer israélien et de frapper n’importe quelle cible à l’intérieur d’Israël en cas de guerre, après avoir inondé les systèmes d’interception israéliens. L’Iran a la capacité de lancer des centaines de missiles contre n’importe laquelle des dizaines de bases militaires américaines au Moyen-Orient et en Asie en cas de conflit. L’Iran a créé un cercle d’alliés auxquels il peut faire appel en cas de besoin, une éventualité plausible dont Israël et les États-Unis sont conscients et qu’ils voudraient éviter à tout prix.
Les assassinats de scientifiques nucléaires iraniens et les tentatives de sabotage d’installations nucléaires par Israël dans le passé n’ont pas réussi à stopper la mise au point de missiles par l’Iran ni ses progrès en matière de technologie nucléaire. L’Iran a acquis la capacité de produire des missiles perfectionnés et des drones polyvalents, qu’il exporte même vers la Russie. Ni Israël ni les États-Unis n’ont arrêté la marche de l’Iran vers la dissuasion militaire.
Alors que Netanyahou tente de créer des tensions, l’Iran adopte une approche différente. Il accueille une conférence régionale Asie-Afrique pour promouvoir le remplacement du dollar et de l’euro par des monnaies locales et alternatives en réponse aux pressions inflationnistes dans les pays occidentaux, dont les États-Unis. L’Iran a également signé des accords stratégiques avec la Russie pour la fabrication d’armes et avec Moscou et Pékin dans les domaines de la croissance économique, de l’énergie et du développement des transports. Il a également signé un accord avec l’Indonésie pour l’échange de biens entre les deux pays afin de réduire l’utilisation de devises fortes (dollars américains et euros) et favoriser la coopération énergétique et commerciale. Téhéran considère les provocations de Netanyahou comme insignifiantes au regard de ses ambitions plus larges.
Les menaces d’Israël à l’encontre de l’Iran et du Hezbollah sont accueillies avec plus ou moins d’inquiétude et de préparation. L’Iran, avec ses alliances régionales et ses capacités croissantes, représente un problème épineux pour Israël. Alors qu’Israël cherche à projeter sa force et à maintenir son influence régionale, le paysage géopolitique et les mouvements stratégiques de l’Iran laissent présager que la réponse de l’Iran et du Hezbollah ne doit pas être sous-estimée, ce qui rend la menace de Netanyahou et de ses commandants militaires de simple tempête dans un verre d’eau.
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