Les difficultés de l’opération militaire israélienne visant à établir une zone tampon à Gaza

Par Elijah J. Magnier

Traduction : Daniel G.

Si la stratégie militaire du premier ministre Benjamin Netanyahou semble mieux définie en cherchant à établir une zone tampon dans le secteur nord, sa mise en œuvre se heurte à d’importants obstacles. Cette stratégie, qui vise à neutraliser et à vaincre totalement le Hamas et à prendre le contrôle du territoire, se heurte à une résistance farouche et à des problèmes logistiques. Malgré le déploiement d’une force imposante constituée de milliers de fantassins appuyés par plus de 380 chars et véhicules armés, de l’artillerie, des navires de guerre et d’un soutien aérien, l’armée israélienne n’a pas réussi à atteindre ses principaux objectifs. Les forces israéliennes injectées dans Gaza (78 km2) ces dernières semaines sont équivalentes à cellesdéployées lors de la guerre des Six Jours en 1967 pour occuper la péninsule égyptienne du Sinaï (60 000 km2), le plateau syrien du Golan (1 800 km2), la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem-Est (5 800 km2). Les forces israéliennes comptaient alors environ 264 000 soldats, tandis qu’aujourd’hui ils sont plus de 390 000 engagés dans la guerre en cours, en incluant le front nord jouxtant le Liban.

L’incapacité de l’armée israélienne à amener le Hamas à se rendre et à hisser le drapeau blanc, ainsi qu’à mettre fin aux attaques à la roquette contre les colonies et les villes israéliennes,soulignent les difficultés auxquelles les forces occupantes sont confrontées. L’action militaire, qui se démarque par ses violations du droit international et ses destructions massives, notamment les attaques contre des hôpitaux, la démolition d’infrastructures et la mort tragique de plus de 11 000 civils, principalement des femmes et des enfants, n’a pas permis d’obtenir les gains territoriaux escomptés dans les petits secteurs du nord de la bande de Gaza.

Cette situation indique que malgré sa puissance militaire disproportionnée par rapport à la taille de l’adversaire qui lui résiste, Israël ne parvient pas facilement à occuper ou à contrôler les zones ciblées. Le conflit en cours et la résistance à Gaza pourraient amener Israël à réévaluer ses objectifs et ses stratégies afin d’établir des buts plus réalisables. Cette réévaluation est nécessaire à la lumière des réalités sur le terrain et de la réponse de la communauté internationale aux conséquences humanitaires et politiques de ce conflit.

La position de la Maison-Blanche sur la situation à Gaza, telle qu’exprimée par le secrétaire d’État américain Anthony Blinken, traduit une politique claire : il n’y aura pas d’exode immédiat de Gaza, que ce soit maintenant ou après le conflit. Cette déclaration signale qu’il n’y aura pas de siège de Gaza par terre ou par mer, pas d’occupation de Gaza et pas de statu quo sous le contrôle du Hamas. Blinken insiste sur la nécessité d’une administration unifiée en Cisjordanie et à Gaza.

Toutefois, la réalité sur le terrain contraste fortement avec cette position officielle et semble s’écarter considérablement du discours diplomatique américain. Les États-Unis ont annoncé la mise en place d’un corridor humanitaire, une mesure mise en œuvre par Israël quelques jours avant cette annonce, en principe pour faciliter l’évacuation des habitants du nord de Gaza. Cependant, cette action est perçue par beaucoup comme un déplacement forcé de la population, une mesure qui entraîne des accusations de nettoyage ethnique qui bafoue le droit international. 

Cette contestation est soulevée parce que l’armée israélienne, tout en menant des opérations dans la région et en invoquant des raisons de sécurité, n’est pas légalement autorisée à ordonner l’évacuation des habitants de la zone nord vers le sud de Gaza qui est aussi dangereux, bombardé et privé d’eau, d’électricité et d’approvisionnement. Cet ordre devient encore plus controversé lorsque ces résidents du nord sont sommés de se réfugier dans les zones du sud qui sont simultanément bombardées.

Ce scénario brosse un tableau complexe et contradictoire, où les assurances diplomatiques et la réalité sur le terrain contrastent violemment. Ce décalage soulève des questions importantes sur les intentions et les résultats réels des politiques et des actions menées dans la région.

La situation actuelle à Gaza dans le contexte des actions d’Israël pose un défi humanitaire et juridique important. Les rapports indiquent qu’Israël continue de restreindre les approvisionnements essentiels comme l’eau, l’électricité, le carburant et les médicaments dans l’ensemble de la bande de Gaza. Ces actions sont examinées en tant que violations possibles du droit humanitaire international, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. La gravité de ces allégations réside dans le ciblage direct des civils, la privation des produits de première nécessité, l’utilisation d’une violence disproportionnée et les répercussions globales sur la qualité de vie de la population civile.

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