Trois dirigeants à Ankara : La guerre syrienne est terminée, mais les USA demeurent dangereux 

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Par Elijah J. Magnier (à Damas): @ejmalrai

Traduction : Daniel G.

« La guerre en Syrie est terminée, mais les forces armées US et les conséquences de leur dangereuse présence demeurent. Un changement de régime n’est plus possible et le régime syrien, plus solide que jamais, est aujourd’hui en mesure de changer la situation sur le terrain. Il est temps de mettre fin à al-Quaeda et à ce qui reste du groupe armé « État islamique » (Daech), et d’amorcer un processus de réconciliation nationale. »

C’est ce qu’ont convenu les présidents russe, turc et iranien dans la capitale turque, selon une source digne de foi à Ankara.

Les présidents Vladimir Poutine, Recep Tayyib Erdogan et Hassan Rouhani ont reconnu l’importance d’une sécurité durable et de l’unité de la Syrie pour éviter des conséquences négatives sur l’énergie et le développement commercial en Turquie et en Syrie.

Le trio convient que le plus grand danger vient de l’establishment US, qui veut créer un État pour les Kurdes à la frontière turco-syrienne, ce qui diviserait le Levant. Il était clair pour toutes les parties concernées qu’un grand danger menace à la fois la Syrie et la Turquie et qu’il est par conséquent impératif de contrecarrer le plan américain. L’unité de la Syrie doit être l’objectif de ces présidents, qui commence par un appel au retour des réfugiés syriens dans leur pays.

« La Turquie a fermé les yeux sur ce qui vient de se produire dans la Ghouta orientale. De plus, les présidents se sont entendus sur un plan russo-turco-iranien visant à déjouer toute menace possible contre le régime syrien actuel et à favoriser une pleine collaboration aux prochaines élections présidentielles ».

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Ankara s’est montré tout à fait d’accord pour contrer toute menace possible contre le président syrien Bachar al-Assad et s’est engagé à mettre fin à la guerre pour garantir sa propre sécurité. Les sept années de guerre en Syrie ont presque brûlé la Turquie à ses extrémités quand les Kurdes se sont dotés d’une armée forte avec le soutien des forces armées de la superpuissance américaine.

Il n’y a rien d’étonnant que les intérêts des trois pays divergent à propos de la Syrie et de la façon de mener la guerre dans ce pays. Cependant, ils veulent tous empêcher la partition de la Syrie, contrecarrer les plans des USA de créer un État kurde et éliminer complètement Daech et al-Qaeda, en particulier au nord de la Syrie sous contrôle turc.

Toutes les zones qui n’ont pas été encore libérées par l’armée syrienne ne sont aujourd’hui que des détails dans le grand jeu et n’exercent plus d’influence sur l’avenir et la stabilité du pays.

Les trois présidents ont convenu que rien ne peut remplacer Genève, ainsi qu’Astana, en comprenant la nécessité de renouer le dialogue entre le gouvernement syrien et les groupes d’opposition qui restent. Par conséquent, il n’y a pas d’autre choix que d’encourager le président syrien à organiser les prochaines élections et, à cette fin, de mettre de la pression sur les pays avoisinants hôtes de réfugiés syriens pour qu’ils favorisent leur retour.

Les trois principaux joueurs et pays qui exercent une influence significative sur le terrain en Syrie ont convenu de collaborer à l’encontre du seul pays qui nage à contre-courant des événements en cours : les USA. Washington est devenu « l’ennemi », un ennemi complètement isolé qui défend son propre programme et qui refuse d’admettre qu’il ne peut plus changer le cours de la guerre en Syrie.

Cette rencontre importante à Ankara coïncide avec la fin des hostilités dans la Ghouta orientale, qui est en train de sonner le glas à toutes les accusations de « recours à des armes chimiques » par l’armée syrienne, de bombardement du « dernier hôpital » et du meurtre du « dernier médecin ». Il n’y aura ainsi plus de « siège pour imposer la famine parmi des centaines de milliers de civils » et d’autres manipulations du genre du cours des événements au Levant par les médias institutionnels.

La Turquie a besoin de temps pour calmer et « nettoyer » le nord de la Syrie, parce qu’elle contrôle un assortiment de militants provenant de toutes les couches de la société, dont les commanditaires et les programmes diffèrent. Ces militants sont devenus un fardeau pour ces mêmes commanditaires, car leur existence ne sert plus aucun objectif.

L’Iran a dépêché une toute petite unité de ses forces spéciales et des conseillers en Syrie, mais compte sur un nombre imposant d’alliés qui se retirent lentement, surtout depuis que l’armée syrienne s’est remise sur pied. La bataille de la Ghouta est la meilleure preuve qu’il n’y avait pas d’autres alliés sur le terrain.

Les relations économiques et commerciales russo-turques ont sensiblement augmenté, atteignant 22 milliards de dollars. Le président Erdogan a dit qu’il voulait atteindre 100 milliards de dollars, sans toutefois établir de calendrier précis. Ankara a choisi Moscou et Téhéran comme principaux alliés politiques et commerciaux, qu’il place devant ses relations avec Washington.

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La rencontre d’Ankara inquiète vivement l’establishment US, mais le président américain ne semble se préoccuper que de la façon dont il pourrait soutirer de l’argent de l’Arabie saoudite. Il met la vie de chaque soldat américain en danger en exerçant son chantage à l’endroit de la monarchie saoudienne, qui veut que les forces US demeurent au nord-est de la Syrie. Trump met ainsi les soldats américains dans la balance, en étant prêt à maintenir des forces d’occupation US sur une partie du territoire syrien et à échanger apparemment leur vie pour une poignée de dollars.

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