Message des USA à Assad : « Nous quitterons al-Tanf et le nord si l’Iran se retire de la Syrie »

DhV3bHxWsAEAchQ

Par Elijah J. Magnier (à Daraa): @ejmalrai

Traduction : Daniel G.

Un des principaux décideurs en Syrie affirme que « les USA ont transmis un message au président syrien Bachar al-Assad qui exprime les vœux de l’administration US ». Selon les vœux en question, les Israéliens ont un objectif compatible avec celui de Donald Trump qui est de retirer ses propres forces de la Syrie avec le moins de dommages possible. Trump voudrait éviter que ses troupes subissent le même sort que les forces US pendant le mandat de George Bush, lorsque des milliers de soldats US sont morts au combat ».

D’après la source qui participe à la supervision de l’ensemble de l’opération militaire en cours depuis les dernières années de guerre en Syrie, « le président Assad a été très clair dans sa réponse à l’administration US. La Syrie, a dit Assad, est déterminée à libérer tout le territoire syrien, peu importe les conséquences. Il y a bien sûr un prix à payer pour obtenir la libération du nord de la Syrie occupé les USA et la Turquie, qui ont ni l’un ni l’autre été invités par le gouvernement syrien. Mais le prix en vaut la peine ».

Le message des USA est clair : « Les USA quitteront le poste frontalier d’al-Tanf et abandonneront le nord-est de la Syrie dans les provinces d’Hassaké et de Deir Ezzor dès que possible. La seule condition, c’est que la Russie et la Syrie garantissent un retrait total de toutes les forces iraniennes du Levant. Les USA sont prêts à abandonner les Kurdes et à les laisser poursuivre leurs négociations avec Damas. L’administration US va reconnaître l’autorité d’Assad sur la Syrie, mais l’Iran doit partir ».

Assad a répondu ceci : « Les forces iraniennes et leurs alliés sont arrivés en Syrie à la demande officielle du gouvernement central et quitteront lorsque ce gouvernement demandera aux forces alliées de partir, mais seulement lorsque tous les terroristes auront été éradiqués du Levant. »

« Vous êtes arrivés en Syrie sans permission et vous occupez notre territoire, a poursuivi Assad. Il est par conséquent notre devoir de vous faire sortir par tous les moyens. Vous n’obtiendrez pas par la négociation et la paix ce que vous n’êtes pas parvenus à obtenir après sept ans de guerre. »

Dh7gsmbX4AAIgMB

La Russie a joué le rôle de messager dans ces échanges de messages entre les USA et Assad. Le président Assad a toutefois informé les Américains que l’Iran n’a pas l’intention de rester en Syrie une fois que tous les terroristes takfiris auront été tués et que son rôle ne sera plus nécessaire.

Le critère déterminant c’est qu’Assad et ses alliés croient qu’un retrait des USA, de la France et du R.U. de la Syrie serait tout un exploit. De plus, l’Iran et le Hezbollah considèrent leur retrait comme une réalité et une nécessité, une fois qu’Assad n’aura plus besoin de leur contribution. Cependant, al-Qaeda est toujours présent au Levant, de même que d’autres djihadistes au nord sous contrôle turc. Il reste aussi des militants de Daech au nord-est à l’intérieur de la zone sous contrôle US. Tous ces combattants ne pourront être éliminés qu’une fois que l’armée syrienne et ses alliés leur livreront bataille.

De ce point de vue, « l’accord » proposé par les USA est faisable et jugé raisonnable par Assad et ses alliés, mais seulement une fois que le dernier soldat américain aura quitté la Syrie.

La Russie se portera garante de ses alliés, qui s’engageront à quitter la Syrie une fois que les djihadistes cesseront de représenter une menace pour le gouvernement central.

Damas et Téhéran perçoivent cet « accord » de façon positive, ce qui ne signifie pas pour autant qu’ils font confiance à l’administration US dont le président peut révoquer unilatéralement ses propres accords dûment signés, comme il l’a fait récemment avec l’accord sur le nucléaire iranien signé avec ses alliés. Moscou, Téhéran et Damas sont conscients que Trump ne peut raisonnablement maintenir ses forces en Syrie bien longtemps, surtout depuis que le sud de la Syrie est sur le point d’être libéré.

Israël, croit la source, tremble à l’idée que l’Iran pourrait créer une copie du Hezbollah libanais en Syrie, parce que la menace sera beaucoup plus grande le long d’une frontière unifiée, mais très longue, qui s’étend de Naqoura (Liban) jusqu’aux hauteurs du Golan occupé.

Mais au milieu de tout cela, Assad estime que la véritable guerre est terminée. Il ne lui reste plus que deux pays avec qui transiger à la place de centaines de groupes disparates et désunis. Le président syrien croit que la Syrie, en tant que pays multiethnique, laïque et multiculturel, a triomphé : la Syrie a incontestablement gagné la bataille contre le « changement de régime » et la partition du Levant.

Si vous êtes intéressé par cet article, il serait très généreux de votre part de contribuer d’1 Euro seulement. Merci d’avance.

Comments are closed.