Le Hezbollah s’apprête à abattre un drone, sapant ainsi la stratégie de dissuasion d’Israël

Par Elijah J. Magnier: @ejmalrai

Traduction : Daniel G.

Le Hezbollah se prépare à abattre un drone israélien dans les prochains jours, ce qui donnera suffisamment de temps aux politiciens et aux médias israéliens d’intensifier leurs critiques et leurs attaques à l’endroit du premier ministre Benyamin Netanyahu, accusé d’avoir sapé la stratégie de dissuasion vitale adoptée par Israël depuis 1955. 

Le secrétaire général du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, a décidé de « participer » aux prochaines élections israéliennes, qui devraient avoir lieu le 18 septembre, afin de contribuer à l’échec du candidat Benyamin Netanyahu. Le Hezbollah a réalisé la première partie de son plan en deux temps, en frappant un véhicule militaire dimanche dernier sur la route de 3,8 km qui sépare Yiron d’Avivim. L’attaque a détruit le véhicule israélien et fait des victimes parmi les cinq soldats qui s’y trouvaient, en dépit des dénégations israéliennes. La frappe a été filmée par les caméras du Hezbollah qui nous montrent le tir de deux missiles guidés antichars Kornet. 

L’attaque s’est produite en représailles à la violation, par Israël, de la résolution 1701 de l’ONU, dont le premier article appelle à une « cessation immédiate par Israël de toutes les offensives militaires ». Israël a envoyé le mois dernier deux drones suicide pour faire exploser un objectif militaire du Hezbollah en banlieue de Beyrouth, après avoir tué deux membres du Hezbollah lors d’un assassinat ciblé en Syrie. Cela a amené Sayyed Nasrallah à menacer ouvertement Israël de représailles, lui donnant ainsi amplement de temps pour prendre des contre-mesures. Cependant, Israël a déserté ses positions militaires le long de la ligne bleue de l’ONU séparant le Liban d’Israël, qui fait plus de 100 kilomètres, pour se retrancher 4 ou 5 kilomètres plus loin. La manœuvre a été interprétée comme un signe de mollesse de la part de Tsahal, ce qui affecte sérieusement sa réputation de « huitième armée la plus puissante du monde ». Ce jeu de cache-cache faisait suite à une menace lancée à la télévision par un « acteur non-étatique ». Le Hezbollah n’a pas de chars ou d’avions au Liban, mais ses capacités de guérilla acquises après des décennies d’expérience, notamment pendant la guerre syrienne, l’ont transformé en armée « non régulière » forte et bien organisée. 

Des sources bien informées ont indiqué qu’« Israël a déserté toutes ses positions et ses baraquements militaires le long de la frontière libanaise par crainte des roquettes du Hezbollah, notamment du missile Burkan (volcan), dont la charge explosive peut atteindre plus de 1 000 kg et qui cause un grand nombre de victimes ». 

Sayyed Nasrallah a asséné un coup douloureux à l’un des fondements hautement stratégiques sur lequel Israël s’est construit et que son premier ministre n’a pas su respecter. Israël s’est donné comme principes existentiels d’atteindre une supériorité militaire, de répondre par les armes de façon disproportionnée, d’imposer sa domination et son pouvoir de dissuasion en montant les enchères et d’augmenter le « prix du sang israélien » à un niveau insoutenable pour toute population ennemie. Ces grands principes ont été énoncés par Moshe Dayan en 1955 et le tout premier ministre d’Israël, David Ben-Gourion, qui a aussi déclaré :  « Nous devrions nous préparer à l’offensive. Notre but est d’écraser le Liban. » 

Cet objectif semble irréaliste aujourd’hui, vu l’objectif personnel aveugle de Neyanyahu qui ne cherche qu’à se faire réélire. Le premier ministre israélien a pris la Syrie pour cible des centaines de fois sans atteindre le moindre objectif stratégique. Il n’a pas réussi à faire sortir l’Iran de la Syrie, bien au contraire, car le gouvernement syrien est plus que jamais lié à l’Iran. Il n’est pas parvenu à détruire les capacités militaires du Hezbollah (en l’occurrence, deux missiles Kornet ont suffi à ternir l’image d’Israël et une simple menace à la télé a amené Tsahal à quitter la frontière). L’ancien chef de cabinet israélien, le général Rafael Eiten a dit un jour : « Lorsque nous aurons colonisé le pays, tout ce que les Arabes pourront faire ce sera de tourner en rond comme des cafards drogués dans une bouteille. » On dirait bien que le Hezbollah, contrairement à la Syrie et à l’Irak, a déjoué les plans d’Israël et neutralisé avec vigueur cette vision d’avenir.

Netanyahu est allé frapper les alliés de l’Iran jusqu’en Irak, ce qui n’a rien donné à part faire exploser quelques entrepôts parmi une centaine et susciter une menace claire et sérieuse contre les forces US établies en Irak.

Le président des USA Donald Trump ne peut pas faire grand-chose pour sauver son ami très proche et conseiller qu’est le premier ministre israélien. Les USA ne peuvent se lancer dans la guerre électorale à la place de Netanyahu ni empêcher Israël d’être ébranlé par les coups du Hezbollah. Netanyahu s’est promené au bord du gouffre pour redorer son blason, mais s’est gardé d’aller jusqu’au bout. Israël se souviendra non pas de ses frappes en Syrie et en Irak, mais de la façon dont sa stratégie de dissuasion a été mise à mal et sa réputation a été secouée à cause des actions et des réactions inconsidérées de Netanyahu.

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