
Par Elijah J. Magnier
Traduction : Daniel G.
Après une semaine de manœuvres militaires, Israël a révélé que son principal objectif militaire était concentré sur le front nord, au cas où les forces spéciales du Hezbollah « Radwan » s’avanceraient dans les colonies israéliennes proches de la frontière. Pendant ces manœuvres, Israël et le Hezbollah se sont échangés des messages qu’ils sont les seuls à comprendre. Quelle était la teneur de ces « messages » indirects entre les deux ennemis jurés?
Dans le cadre de ces exercices à grand déploiement, les Israéliens ont reconnu pour la première fois une nouvelle réalité qui les préoccupe vraiment. C’est qu’une attaque des forces spéciales « Radwan » pour prendre le contrôle des colonies israéliennes à la frontière est hautement probable. Cela indique qu’Israël a surveillé de près les capacités du Hezbollah ainsi que les performances et l’organisation de ses forces spéciales pendant les neuf années de guerre en Syrie.
Ce n’est pas une coïncidence si Sayyed Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah, a autorisé la diffusion, à la télévision locale, d’épisodes montrant comment ses hommes ont combattu dans les montagnes escarpées qui bordent le Liban et la Syrie, et comment ils ont repris la ville de Qusayr et la région de Qalamoun entre 2013 et 2017. En Syrie, le Hezbollah a révélé son recours à des drones armés, son expérience de la guerre en milieu urbain et dans les montagnes, sa capacité de reconnaissance en territoire ennemi, son étude théorique des opérations militaires (stratégie et tactique), le suivi en direct de la progression des forces sur des écrans géants dans les centres opérationnels du Hezbollah, et sa capacité à libérer des territoires faisant plus de dix fois l’ensemble du territoire libanais.
Sayyed Nasrallah préférait ne partager qu’une partie de l’expérience de guerre accumulée par son groupe, en choisissant délibérément de ne pas révéler les nombreuses attaques de nuit et embuscades nocturnes que le Hezbollah a tendues pendant la guerre en Syrie. Le Hezbollah ne tient donc pas à partager toutes les capacités qu’elle possède, qui ne se révéleraient qu’en cas de guerre future avec Israël. Le message de Sayyed Nasrallah s’adressait également aux groupes libanais qui pourraient envisager la possibilité d’une guerre civile. Une quantité suffisante d’information a donc été transmise pour que Tel-Aviv comprenne que toute action militaire éventuelle de Tsahal ne sera pas de tout repos. Le chef d’état-major de l’armée israélienne Aviv Kohavi a mentionné d’autres objectifs des manœuvres militaires. Les médias israéliens ont révélé la création d’une nouvelle Division 99 et d’une « unité fantôme » multidimensionnelle pour contrer le Hezbollah. En réalité, ces unités ont été constituées uniquement pour faire face à une nouvelle force du Hezbollah déployée le long de la frontière, une force mixte composée des « Radwan » et d’autres forces spécialisées (en attaque plutôt qu’en défense) qui ont été déployées cette année le long de la frontière libanaise après un entraînement de 16 mois axé sur les « attaques de colonies israéliennes » et la coordination de plusieurs forces différentes. Le Hezbollah a délibérément montré ce nouveau déploiement, qui est sa manière d’éloigner le spectre de
la guerre par un message indirect, comme pour dire à son adversaire : « Voyez nos forces et nos capacités et pensez-y à deux fois avant de vous lancer dans une nouvelle aventure contre le Liban. »
L’armée israélienne a déclaré que ses forces terrestres ne seront pas en mesure de défendre efficacement les colonies, donc de contrer la nouvelle force du Hezbollah et de maintenir ses positions, avant 2022. Pour ce faire, Tsahal doit être capable de contourner, d’isoler, d’empêcher l’expansion, d’assainir, d’assiéger et d’éliminer les forces attaquantes aux endroits où il est probable qu’elles traversent la frontière pour contrôler un ou plusieurs villages voisins.
Par conséquent, d’après le type d’exercices militaires israéliens en cours, il ne fait guère de doute qu’Israël est convaincu pour la première fois que la prochaine guerre ne se limitera pas au territoire libanais, que ses propres frontières seront violées et que des forces de combat offensives entreront dans les colonies et les maisons et affronteront les troupes israéliennes.
Dans ce jeu d’échecs, Israël compte principalement sur l’armée de l’air pour ouvrir la voie aux forces terrestres et éliminer les cibles ennemies en paralysant leurs capacités, ainsi que sur des drones (qui représenteront l’épine dorsale de la prochaine guerre) porteurs de missiles multifonctionnels dirigés contre des véhicules blindés et du personnel. De son côté, le Hezbollah a adopté des mesures pour protéger ses voies d’approvisionnement, combler les lacunes et présenter des plans de rechange pendant le processus de séparation, et pour protéger le retrait des forces ayant traversé la frontière et pris le contrôle des colonies.
De plus, dans son hypothétique nouvelle guerre avec le Hezbollah, Israël croit que tous ses aérodromes seront bombardés par des missiles de précision. C’est pourquoi il essaie d’obtenir des USA quelques escadrons de la nouvelle génération de F-35B qui n’ont pas besoin de longues pistes, afin de maintenir sa supériorité militaire au Moyen-Orient.
Le Hezbollah tente également de trouver une nouvelle équation pour affronter Israël lors de la prochaine guerre (que personne ne souhaite, mais que les deux parties préparent comme si elle allait éclater demain) en créant des abris souterrains et de nouvelles technologies de guerre pour compenser la supériorité aérienne de l’ennemi. Les surprises de la guerre de 2006 ont joué un rôle essentiel pour neutraliser la marine israélienne (le bombardement de la corvette israélienne Sa’ar-5 au large des côtes de Beyrouth par un missile C-802) et le corps des blindés (les missiles laser Kornet à Wadi al-Hajeer). Par conséquent, on ne peut savoir quelles surprises « attendront » les participants à l’exercice « Lethal Arrow ».
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