
Par Elijah J. Magnier
Traduction : Daniel G.
Près du pont Muallaq à Bagdad, à la périphérie de la « zone verte », des manifestants ont dressé des tentes, pour la plupart des jeunes, qui demandent « un recomptage et le rétablissement des votes volés ». C’est une réaction aux élections parlementaires qui se sont soldées par une victoire écrasante du mouvement sadriste dirigé par Sayyed Moqtada al-Sadr et par la défaite de blocs influents et d’autres partis. Ces derniers n’ont pas réussi à obtenir plusieurs sièges qui leur auraient permis de négocier leurs sièges dans le prochain gouvernement. À la tête de ces sit-in on retrouve le « Asa’ib Ahl al-Haq », dirigé par le cheikh Qais Khazali, que de nombreux Irakiens considèrent comme le bras de l’Iran en Irak. Cela signifie-t-il que l’Iran a perdu sa place en Irak à la suite des élections?
Les manifestants ont demandé le recomptage de centaines de bulletins de vote, que le gouvernement a accepté d’effectuer manuellement pour répondre aux nombreuses plaintes. Mais le résultat ne devrait pas changer grand-chose, car l’équilibre des forces est établi. Cela ne changera rien au fait que Sayyed Moqtada al-Sadr restera probablement à la tête de tous les autres blocs politiques.
Le journal israélien Haaretz a écrit que « les USA ont besoin d’un religieux irakien qui combat l’Iran », en faisant référence à l’obtention par Moqtada al-Sadr de 72 sièges, un chiffre qui n’est pas encore définitif. L’auteur se contredit toutefois en notant que Sayyed Moqtada al-Sadr s’en est pris aux manifestants (connus sous le nom de mouvement Tishreen) après une rencontre avec le major général du Corps des gardiens de la Révolution iranienne Qassem Soleimani, assassiné par Donald Trump en janvier 2020. Mais ce genre de contradictions ne se limite pas aux médias, aux analystes et aux décideurs des pays qui veulent savoir ce qui se passe en Irak. Qui gagne et qui perd dans le jeu irakien, quelles en sont les règles et quel est le rôle de l’Iran dans tout cela?
Il ne fait aucun doute que Sayyed Moqtada al-Sadr était un ami de l’Iran jusqu’en 2008, dans les mois qui ont suivi l’arrestation de son lieutenant, le cheikh Qais al-Khazali, en mars 2008, et la prise de pouvoir du second de Qais, le cheikh Akram al-Kaabi. Ces deux hommes refusaient de remettre les propriétés des « Forces spéciales » et de « Asa’ib Ahl al-Haq » relevant des sadristes, que Moqtada avait consacrés et formés pour combattre les forces d’occupation US. C’est à partir de là qu’une partie des partisans du mouvement sadriste ont commencé à rejoindre des groupes irakiens nouvellement formés, encouragés et soutenus par l’Iran.Al-Sadr n’a cependant jamais déclaré son hostilité à la « République islamique d’Iran ». Il a plutôt demandé à l’Iran de cesser son intervention dans les affaires irakiennes. Sayyed Moqtada n’a jamais cessé de rencontrer régulièrement des émissaires iraniens et il a joué un rôle important dans les consultations de l’Iran avec tous les partis politiques à Bagdad et à Hananah (le quartier général de Sayyed Moqtada al-Sadr à Nadjaf). D’ailleurs, le leader sadriste n’a pas hésité à envoyer la semaine dernière des délégués en Iran pour rencontrer Sayyed Ali Akbar Velayati, conseiller du Wali al-Faqih Sayyed Ali Khamenei, et d’autres au
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