
Par Elijah J. Magnier
Traduction : Daniel G.
Les 42 années de guerre froide entre l’Iran et les États-Unis d’Amérique font en sorte que les relations de l’Iran avec les pays du Moyen-Orient évoluent en dents de scie. Des rencontres irano-saoudiennes ont eu lieu à Bagdad et à Amman, mais elles n’ont pas réussi à réchauffer les relations. Malgré l’apparente désescalade entre les deux pays et d’ici à ce que Téhéran fournisse des garanties pour atténuer leurs soupçons, les pays du Moyen-Orient ont décidé d’adopter une position dure envers les alliés de l’Iran. L’Arabie saoudite a pris ses distances avec la Syrie et a déclaré la guerre au Hezbollah libanais et aux Houthis du Yémen. Ce n’est pas demain la veille que l’Iran – qui est assiégé depuis quatre décennies – parviendra à établir une relation de confiance avec les pays du Golfe et vice versa. Téhéran estime qu’il est menacé par les USA et leurs alliés du Moyen-Orient et que la sécurité nationale iranienne est sérieusement en danger. Pour leur part, les pays du Moyen-Orient déplorent le fait que l’Iran fournit des armes à ses partenaires et augmente du même coup son influence dans de nombreux pays de la région. De plus, les missiles et le programme nucléaire de l’Iran soulèvent des inquiétudes. Résultat : le rapprochement est lent et l’on ne s’attend vraiment pas à ce qu’il atteigne des niveaux de confiance de sitôt.
Lorsque Ibrahim Raisi a été élu président de l’Iran, il a donné la priorité au rétablissement des relations de son pays avec les pays arabes voisins, malgré l’absence de liens diplomatiques entre Téhéran et Riyad depuis plus de six ans. Toutefois, la priorité de Raisi nécessite l’ajout de nouveaux éléments dans les relations irano-arabes, qui sont encore timides aujourd’hui. Ce qui se passe entre l’Iran et ses voisins arabes est loin d’être une simple rivalité entre sunnites et chiites reposant sur des différences idéologiques. Il s’agit plutôt d’une différenciation profonde qui s’est creusée en raison de relations et d’ objectifs géopolitiques divergents en lien avec les USA.
En effet, il existe une différence fondamentale à propos de la définition de l’ennemi dans cette partie du monde. L’administration de Donald Trump a désorienté l’aiguille de la boussole arabe, aujourd’hui pointée sur l’Iran diabolisé et considéré comme l’ennemi juré des Arabes plutôt que sur Israël. Le Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Qatar, Oman, le Soudan et le Maroc (l’Égypte et la Jordanie les avaient précédés) ne cachent plus leurs relations avec Israël. Même l’Arabie saoudite offre à Israël des installations de navigation aérienne et leurs dirigeants (Mohammed Ben Salmane et Benjamin Netanyahou) se sont même rencontrés officieusement. Cette relation arabo-israélienne explicite suscite une vive réaction de la part de l’Iran qui se sent menacé de voir tous les pays arabes environnants offrir leurs pays comme plateforme à Israël.
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