La Russie entrera-t-elle en conflit avec l’OTAN?

Par Elijah J. Magnier

Traduction : Daniel G.

Les États-Unis s’efforcent de montrer que le monde est contre la Russie et que le danger qu’elle représente s’étendra de l’Ukraine à la Finlande et à la Suède, ainsi qu’à d’autres pays d’Europe de l’Est qui étaient sous l’emprise de l’Union soviétique. Dans les faits, seul l’Occident est concerné. Mais cela a incité la Suède et la Finlande à demander leur adhésion à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Ces pays neutres, tout comme les anciens membres du pacte de Varsovie, pensent qu’ils seraient protégés par l’article cinq de l’OTAN, qui prévoit que tous les pays membres de l’OTAN riposteront si l’un des leurs est attaqué. L’OTAN est-elle sérieuse dans sa volonté de défendre ses membres en cas de menace? Moscou va-t-il se heurter à l’OTAN après sa guerre en Ukraine?

Plusieurs pays européens craignent vraiment que la Russie ait des visées expansionnistes sur le vieux continent, les États-Unis ayant « réussi » à justifier aux yeux du monde le flux d’armes vers l’Ukraine au lieu de promouvoir une solution pacifique. Avec leurs partenaires européens, ils dépensent des dizaines de milliards de dollars en fournitures d’armes plutôt qu’en nourriture et en plans de reconstruction. En fait, les États-Unis ont tout fait pour entraîner la Russie dans une guerre avec son voisin afin de rompre le lien commercial autrefois solide entre l’Europe et la Russie. Les grands médias ont également diabolisé le président Vladimir Poutine dans une tentative infructueuse de l’isoler sur le plan intérieur. Le sénateur américain Lindsey Graham a même appelé à un « coup d’État au cours duquel Poutine pourrait être assassiné ». L’objectif est de susciter une réaction russe et de montrer que les choix de Poutine sont dévastateurs pour l’économie russe.

Cependant, Moscou a réussi à ne pas se briser en morceaux face à la campagne et aux sanctions occidentales, qui produisent plutôt un grave effet boomerang sur le monde et l’économie européenne en particulier, qui s’est prise au piège. L’exportation de combustible fossile russe vers l’UE a diminué de 30 %, mais la hausse des prix a doublé les revenus de la Russie à ce chapitre. Le rouble (monnaie russe) a rebondià un niveau supérieur à celui des cinq dernières années précédant le 24 février, lorsque les troupes russes sont entrées en Ukraine, malgré le gel par l’Occident de plus de 320 milliards de dollars des réserves en devises de la Banque de Russie.

N’empêche qu’en général, le niveau de haine et d’hostilité envers la Russie atteint des sommets sans précédent en Occident depuis la fin de la guerre froide (1945-1990). Les dirigeants européens envisagent même d’interdire aux citoyens russes d’acquérir des biens immobiliers. Un rideau de fer culturel est tombé sur les artistes et les institutions culturelles russes, ce qui indique que la guerre occidentale contre la Russie n’a pas grand-chose à voir avec l’Ukraine mais avec une politique vengeresse contre un pays qui ose défier l’hégémonie américaine. La punition collective occidentale est devenue une russophobie. La Russie s’est opposée et s’est rebellée contre l’expansion de l’OTAN à sa frontière avec l’Ukraine, une réaction que seuls les USA et leurs alliés ont le droit d’avoir. Par exemple, le pacte de sécurité entre la Chine et les îles Salomon était considéré comme une « ligne rouge » pour l’Australie, située à 2000 km de l’archipel, et pour les USA, situés à 9800 km.

En 1990, les 12 pays formant le noyau de l’OTAN étaient censés mettre fin à son existence après la fin de la Guerre froide et la Perestroïka qui a dissous le Pacte de Varsovie. Cependant, les États-Unis n’ont pas tenu leur promesse, comme l’a dit le président Bill Clinton dans son dernier article, malgré plusieurs avertissements de membres de l’administration américaine, d’ambassadeurs, d’universitaires, de professionnels des médias et d’experts. L’OTAN est passée de 12 à 30 membres et devrait bientôt accueillir de nouveaux membres (Finlande et Suède), ce qui accroît considérablement la tension avec la Russie à ses frontières. Supposons que les États-Unis et l’Australie se sentent en droit de contester la signature d’un pacte de sécurité entre la Chine et les îles Salomon. Dans ce cas, l’expansion de l’OTAN déclenchera la même inquiétude russe à sa frontière, sachant que les États-Unis ont déjà déployé 150 bombes nucléaires sur le continent européen, toutes dirigées vers la Russie.

On ne peut pas reprocher l’absence de réaction de Moscou à la première expansion de l’OTAN en 1999, soit neuf ans après la Perestroïka, lorsque la Hongrie, la Pologne et la République tchèque y ont officiellement adhéré. La Russie n’était alors pas en position de force pour s’opposer fermement à l’adhésion de ces nouveaux membres de l’OTAN. Le président Poutine a attendu 17 ans pour envoyer le premier avertissement officiel et public lors de la conférence sur la sécurité de Munich en 2007, en présence de représentants du monde entier, dont le secrétaire américain à la Défense Robert Gates.

Poutine s’est alors demandé « qu’est-il advenu des promesses de sécurité fermes et contraignantes, ainsi que de la garantie donnée à l’Union soviétique que l’armée de l’OTAN ne serait pas placée en dehors de l’Allemagne et ne s’étendrait pas à l’Europe de l’Est? »Les États-Unis ont refusé de prêter attention à l’avertissement lancé par Poutine au fil des ans et ont réagi dès le sommet de l’OTAN de 2008, en annonçant l’adhésion de nouveaux 

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