Par Elijah J. Magnier
Traduction : Daniel G.
L’hégémonie unilatérale des États-Unis est incontestablement remise en cause par la Russie, qui se dresse contre l’expansion de l’OTAN dirigée par les États-Unis, afin d’empêcher un nouveau membre potentiel, l’Ukraine, de rejoindre l’alliance militaire occidentale. Cette situation a fait réagir les USA et leurs alliés européens, qui ont imposé des sanctions sévères à la Russie (depuis 2014), notamment en se servant de la plateforme de communication bancaire SWIFT comme arme, en empêchant les banques russes d’y recourir. Le système Swift a pour fonction d’informer les utilisateurs de l’envoi et de l’arrivée des paiements, ce qui contribue à la sécurité des échanges commerciaux internationaux pour le système bancaire international et ses agents. Il n’est toutefois pas censé être utilisé comme arme dans le cadre de conflits entre pays. Les populations du monde sont censées l’utiliser sans égard aux frontières.
Cependant, les sanctions américaines (qui englobent le système SWIFT) contre Cuba, le Venezuela, l’Iran et la Russie indiquent clairement au reste du monde qu’il doit trouver d’autres plateformes de communication pour effectuer ses transferts, ce qui contribuera en fait à affaiblir la domination des États-Unis. La Chine et la Russie ont d’ailleurs ouvert la voie à l’affaiblissement du dollar et à la disparition du système SWIFT.
La Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication (SWIFT), qui rend possible en tout temps le transfert d’argent par-delà les frontières, est en fait la clé de voûte de la puissance économique mondiale américaine et occidentale. Créé en 1973 et basé en Belgique, le système SWIFT relie 11 000 banques et institutions financières de plus de 200 pays. Il transmet plus de 40 millions de messages par jour (environ 10 milliards de messages par an) qui permettent à des milliers de milliards de dollars de changer de mains entre particuliers, entreprises et gouvernements. Les banques américaines et européennes ont créé le système SWIFT pour garder le contrôle des flux monétaires, empêcher les institutions financières de développer leurs propres systèmes et faire en sorte qu’elles ne parviennent pas à une position de monopole.
Ni les États-Unis, pas plus que l’UE, ne contrôlent directement le système SWIFT, même s’ils exercent une influence significative sur son organe directeur, qui est en théorie assujetti à la loi belge. Le système est la propriété conjointe de plus de 2 000 banques et institutions financières, sous la supervision de la Banque nationale de Belgique, en partenariat avec les principales banques centrales du monde, la Réserve fédérale américaine et la Banque d’Angleterre. Tous ont laissé l’administration américaine prendre le contrôle du système SWIFT et s’en servir comme arme en radiant toute personne ou tout gouvernement de ce système bancaire, de façon à paralyser les économies des pays. Les sanctions imposées empêchent les banques exclues d’exécuter les transactions de leurs clients avec des pays, des personnes ou des entreprises étrangères, de remplir leurs obligations, de recevoir des paiements pour les exportations ou de fournir des crédits à court terme pour les importations.
En 2015, en réponse aux sanctions américaines et européennes contre l’Iran, la Corée du Nord, le Soudan et la Russie (pour n’en citer que quelques-uns) en 2014 et à la menace de refuser aux institutions financières russes l’accès au système SWIFT, la Chine, voyant venir la menace américaine de son côté, a créé un système de messagerie international parallèle appelé CIPS. L’objectif du CIPS est de faciliter l’utilisation du renminbi comme monnaie d’échange internationale et de fournir un niveau de protection contre les sanctions (américaines), de façon à diminuer la domination mondiale du dollar et à atteindre une dédollarisation globale. La Chine fait la promotion du système CIPS en Asie, en Afrique et en Europe. En fait, plus de 1 280 institutions financières dans 103 pays et régions se sont connectées au système CIPS. La monnaie chinoise, le yuan, se fraye un chemin parmi les principales devises et occupe la quatrième place mondiale après la livre sterling, l’euro et le dollar. C’est le partenaire logique de la Russie et de l’Iran en ce moment, deux pays qui étaient, et resteront, sur la liste des cibles des États-Unis.
Lorsque les États-Unis ont mis en pièces l’accord sur le nucléaire iranien en 2018, même l’UE a commencé à développer son propre système de messagerie financière, à savoir l’Instrument de soutien aux échanges commerciaux (INSTEX), pour que les entreprises européennes ne se retrouvent pas piégées par les sanctions imposées illégalement par les États-Unis. Bien qu’INSTEX ne puisse pas protéger les institutions européennes des sanctions américaines lorsqu’elles traitent avec l’Iran et la Russie, il s’agit d’un système qui sera prêt pour une ère meilleure si et quand l’UE parviendra à se libérer de l’actuelle néocolonisation américaine.
Les pays qui ont rejeté la domination américaine, comme la Corée du Nord et l’Iran, sont depuis longtemps exclus du système SWIFT, tout comme le Venezuela depuis 2019. Mais les pays dotés de riches ressources naturelles ont tendance à s’adapter et à trouver des moyens de contourner les sanctions – comme l’Iran l’a fait pendant plus de quarante ans – non sans encourir des coûts financiers supplémentaires et des retards dans les transactions. Mais les USA marquent néanmoins des points en utilisant le système SWIFT (et d’autres mesures de sanction sévères) pour tenter de briser la volonté d’une population et de son gouvernement respectif.
À la suite de la guerre en Ukraine et du bras de fer entre les États-Unis et la Russie, le 26 février, les États-Unis, l’Union européenne, le Royaume-Uni et le Canada ont annoncé leur intention de faire en sorte que plusieurs banques russes soient retirées du système SWIFT. Le 2 mars, l’UE a dressé la liste des sept banques russes exclues du système de messagerie SWIFT en coordination avec ses partenaires occidentaux, dont les États-Unis et le Royaume-Uni. Les sept banques russes exclues du système SWIFT sont la Bank Otkritie, la Novikombank, la Promsvyazbank, la Bank Rossiya, la Sovcombank, la Vnesheconombank (VEB) et la VTB Bank.
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