Report de la délimitation de la frontière maritime et de la guerre entre le Liban et Israël

Par Elijah J. Magnier

Traduction : Daniel G.L’envoyé américain Amos Hochstein est reparti après une visite de quelques heures au Liban, au cours de laquelle il a rencontré le président Michel Aoun, le président du Parlement Nabih Berri et le chef du gouvernement intérimaire Najib Mikati. Hochstein comptait sur les responsables libanais pour gagner du temps, non pas pour finaliser l’accord et délimiter la frontière maritime, mais pour donner plus de latitude au nouveau gouvernement israélien qui prendra le pouvoir après les élections de novembre. Les USA et le gouvernement israélien en place tentent d’éviter d’offrir un quelconque avantage au leader de l’opposition israélienne, l’ancien premier ministre Benjamin Netanyahu, sur le gouvernement de Yair Lapid. C’est que la décision du gouvernement Lapid de se lancer dans une guerre contre le Hezbollah ou de se soumettre à ses conditions aurait des répercussions sur les prochaines élections israéliennes. En guise de compensation au Hezbollah, les dirigeants libanais ont accepté le don offert par l’Iran, sous forme d’un pétrolier rempli de carburant gratuit, pour répondre à la grave pénurie d’électricité libanaise, désamorçant ainsi temporairement la possibilité d’une guerre jusqu’en novembre prochain.

Le gouvernement du premier ministre Mikati est prêt à accepter le don iranien pour fournir au ministère de l’Électricité du Liban le carburant dont il a besoin pour augmenter les heures d’approvisionnement en électricité de une à huit ou dix heures par jour. En acceptant le don iranien, Mikati répond à la crise actuelle pour dissiper une partie de l’obscurité dans laquelle le Liban se trouve. Hochstein avait déjà manifesté l’opposition américaine au don iranien lors de sa rencontre avec le ministre libanais de l’Énergie Walid Fayyad en présence de l’ambassadrice américaine à Beyrouth, Dorothy Shea. Hochstein avait alors exprimé son mécontentement en déclarant que la décision d’accepter ce don « appartient au gouvernement et non au ministère de l’Énergie ».

Cette ingérence manifeste dans les décisions libanaises n’est pas nouvelle, d’autant plus que Washington ne fait rien pour aider le Liban à sortir de sa situation désespérée, tout en lui interdisant d’obtenir de l’aide et des dons de pays tels que l’Iran, la Russie et la Chine. Les USA ont promis d’acheminer du gaz égyptien via la Syrie pour atténuer la pénurie d’électricité au Liban, sauf qu’ils n’ont jamais tenu leur engagement depuis un an, en prétendant que le retard est dû aux hésitations de la Banque mondiale.

Le gouvernement Mikati est d’avis que la décision d’accepter le don annoncé au nom de l’Iran par le secrétaire général du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, provoquera la colère des Américains. Cependant, Mikati se trouve dans une véritable impasse, car l’Iran n’a pas demandé de transferts bancaires, qui sont soumis aux sanctions américaines, ni d’opération exposant le Liban à des sanctions. En outre, les responsables libanais croient que l’acceptation de ce don constitue une solution temporaire pour calmer le Hezbollah et éviter, pour les deux prochains mois, qu’il parte en guerre si la frontière maritime avec Israël n’est pas délimitée. Rappelons que le premier ministre Mikati et les nombreux autres responsables libanais qui possèdent des milliards de dollars dans des banques occidentales n’osent pas défier les USA, même si ces derniers prennent des mesures contre-productives pour les intérêts libanais, par crainte de se voir confisquer leurs biens.

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