
Par Elijah J. Magnier
Traduction: Daniel G.
L’Iran a annoncé avoir mis au point des missiles balistiques hypersoniques, ce qui représente un bond en avant dans la capacité de frapper n’importe quelle cible sans interception par aucun système de défense antimissile dans le monde. La « République islamique » informe ainsi le monde qu’elle est bien équipée et qu’elle dispose d’une capacité de dissuasion adéquate contre toute force prête à défier la sécurité nationale iranienne, principalement les États-Unis et Israël. Mais ce développement avancé de la capacité des missiles n’aurait pas pu avoir lieu sans le soutien de la Russie, ce qui ne peut être qu’un message clair directement lié à la guerre en Ukraine. Quels sont donc ces messages que la Russie veut envoyer par l’entremise de l’Iran ?
L’Iran a créé un réseau complexe de villes souterraines, de stockage et de tunnels où ses missiles et ses drones sont entreposés dans différentes parties du pays, dont une partie a été diffusée par les médias. L’Iran a également démontré l’efficacité de ses missiles ailés par les frappes à longue distance qu’il a effectuées contre des cibles en Syrie pour frapper des éléments du groupe armé terrorise « État islamique » ainsi qu’en Irak contre le Mossad et les groupes terroristes kurdes. De plus, l’Iran a joué un rôle clé pour permettre à la Russie de se doter de drones indispensables dans la guerre en cours en Ukraine, ce qui ne fait que confirmer l’étendue du savoir-faire de l’Iran en matière de défense, d’attaque et de technologie militaire.
Cependant, la possession des missiles hypersoniques – annoncée par le commandant de la défense aérospatiale du Corps des gardiens de la Révolution, le général Amir Ali Hajizadeh – est loin d’être l’œuvre et la découverte de l’Iran à lui seul. La Russie a dévoilé son premier missile hypersonique Tsirkon en 2018, tandis que les États-Unis n’ont annoncé leur premier essai qu’en octobre 2021.Ces missiles hypersoniques ont la capacité de manœuvrer et d’échapper aux défenses terrestres dans une large mesure en vol, ce qui les rend pratiquement impossibles à intercepter. C’est pourquoi les États-Unis ont décidé de dépenser 1,3 milliard de dollars – en coopération avec la Grande-Bretagne et l’Australie – pour surveiller ces lancements de
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missiles, modifier leur trajectoire, calculer leur nouvelle direction et fournir des données à l’équipe au sol chargée des missiles supposés les intercepter. Des entreprises américaines ont reçu le mandat de produire 14 nouveaux satellites, suivis d’une autre production de 28 satellites et d’un troisième groupe d’environ 54 satellites pour surveiller les missiles hypersoniques qui atteignent des vitesses comprises entre 5 et 20 Mach (Mach est la vitesse du son, soit environ 1235 km/heure).
Les missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) dépassent largement le niveau de 20 Mach. Toutefois, leur trajectoire en dehors de l’orbite terrestre peut être calculée, interceptée et détruite lorsqu’ils sont lancés selon une trajectoire en arc prévisible. Les missiles hypersoniques modernes sont projetés sur une trajectoire basse, ajustent leur vitesse pendant le vol et peuvent atteindre leur cible plus rapidement. L’avantage de ce type de missiles est la possibilité de les contrôler en vol, ce qui les rend plus difficiles à suivre et à détruire avant qu’ils n’atteignent leur cible si celle-ci est éloignée. Il est actuellement impossible de l’arrêter s’il est proche de la rampe de lancement.
En avril dernier, la Russie a testé le missile hypersonique Kinzhal en Ukraine, devenant ainsi le premier pays à utiliser ce missile et à l’inclure dans son stock militaire. La Chine a également révélé sa production de missiles hypersoniques, ce qui fait de l’Iran le quatrième pays de la liste après la Corée du Nord. Ces quatre pays ont défié l’hégémonie et l’unilatéralisme des États-Unis en annonçant qu’ils possèdent ces missiles.
Des sources officielles iraniennes ont déclaré que « l’armement continu de l’Ukraine par les États-Unis et les pays de l’OTAN ne restera pas impuni par la Russie. Cela vaut également pour le soutien militaire et en matière de renseignement qu’Israël apporte à l’Ukraine et pour sa position ouverte contre Moscou. Il a été prouvé aux responsables russes que l’Iran n’a pas changé sa position concernant les États-Unis, qu’il n’a pas hésité à se tenir aux côtés de la Russie, qu’il a combattu avec elle en Syrie et qu’il ne l’a pas abandonnée dans sa guerre contre les États-Unis et ses alliés ».
La source n’a ni confirmé ni infirmé la coopération de la Russie avec l’Iran dans la fabrication de missiles hypersoniques. Cependant, la collaboration entre l’Iran et la Russie s’intensifie dans différents domaines. Un accord de coopération énergétique s’élevant à 44 milliards de dollars vient d’ailleurs d’être signé avec Gazprom concernant des projets de gaz liquéfié et l’exploitation de sept gisements pétroliers et gaziers, un secteur hautement concurrentiel. L’Iran confirme ainsi sa réorientation vers l’Asie, en tournant le dos à l’Occident.
L’année dernière, l’Iran a signé des contrats et des investissements avec la Chine, qui a accepté de porter le niveau d’investissement à 400 milliards de dollars au cours des 25 prochaines années. Pékin s’engage à développer les communications, les ports, les systèmes bancaires, les chemins de fer, la santé et la technologie en échange du pétrole moins cher de Téhéran. La coopération de l’Iran avec la Chine, la Corée du Nord et la Russie permet également d’accroître ses capacités militaires et défensives.
Les dirigeants israéliens ne peuvent plus menacer de frapper l’Iran (qui possède environ 3 000 missiles balistiques capables de frapper Tel-Aviv) sans subir de graves conséquences en cas de guerre. Cela vaut également pour les États-Unis, qui possèdent des dizaines de bases militaires au Moyen-Orient, toutes à portée des missiles iraniens. En 2020, l’Iran a bombardé la base de la US Air Force d’Ain al-Assad en Irak et 16 missiles de précision ont touché les lieux et la piste d’atterrissage des Amécricain. Si l’Iran avait alors utilisé des missiles transportant plus de 1 000 livres d’explosifs dans leurs ogives, ils auraient détruit 20 à 30 avions et, comme l’a dit le général américain Frank McKenzie, auraient tué 100 à 150 soldats sans l’évacuation qui a eu lieu quelques heures avant le bombardement.
Cette nouvelle concernant les missiles hypersoniques est sans aucun doute un coup sévère porté par l’Iran et la Russie à l’alliance américano-israélienne. C’est un message russe à Israël et à l’Occident qui ont violé les règles d’engagement et rejoint le camp opposé en Ukraine. Israël a intégré le centre de contrôle de l’EUCOM-OTAN (ECCU) sur la base de la US Air Force à Ramstein, en Allemagne, pour gérer la logistique et le renseignement et diriger la bataille en Ukraine afin de vaincre la Russie. Le Kremlin semble maintenant ne plus vouloir prendre des pincettes et augmente et diversifie son soutien à l’Iran dans différents domaines en étant prêt à défier les États-Unis et Israël.
L’espace de confrontation entre la Russie et les États-Unis s’est élargi et est, pour l’instant, irréparable. Il ne fait aucun doute que des missiles hypersoniques pourraient entrer en jeu dans cette bataille entre les deux superpuissances. Ce qui soulève les questions suivantes : Quelles autres surprises la Russie prépare-t-elle pour les États-Unis, et où ? S’agit-il simplement d’un avertissement pour montrer que la Russie est tout à fait capable d’armer les ennemis des États-Unis et d’Israël si elle le juge bon? Le partage des technologies avancées russes avec l’Iran contribuera-t-il à convaincre le président américain Joe Biden d’arrêter sa guerre avec le président russe Vladimir Poutine?
Plus d’informations à venir.
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