Qu’arrivera-t-il si la Russie cesse d’exporter du gaz aux pays « inamicaux »?

Par Elijah J. Magnier

Traduction: Daniel G.

Le président russe Vladimir Poutine a décidé d’interdire, pour une période de cinq mois à compter de février prochain, la fourniture de pétrole et de ses dérivés aux pays « inamicaux » qui imposent un plafonnement du prix de l’énergie russe. Cela signifie que le prix n’a plus d’importance, même si le montant maximal fixé par les pays occidentaux s’avère plus élevé que le prix du marché, ce qui serait à l’avantage de la Russie, car le Kremlin refuse de se soumettre à ce nouveau diktat de l’Occident, les USA en tête. Des turbulences sont donc à prévoir sur les marchés mondiaux, d’autant plus que la Chine connaît une forte augmentation de ses importations d’énergie, qui avaient diminué ces derniers mois à cause de la hausse des infections au COVID-19. La Russie a déclaré avoir pris sa décision sans consulter l’OPEP+, qui avait provoqué un choc sur les marchés en réduisant sa production de 2 millions de barils par jour en novembre dernier. Suite à la décision de l’OPEP+, sa production totale a reculé à 29 millions de barils par jour et celle de la Russie à 8,2 millions. Le monde occidental, c’est-à-dire l’Europe, la Grande-Bretagne, le Canada, l’Australie et le Japon, sera obligé de se tourner vers d’autres producteurs d’énergie, comme l’Iran et le Venezuela. L’Occident devra probablement supporter le poids de la hausse des prix, en particulier si la Russie décide de réduire sa production et qu’aucun autre pays de l’OPEP+ ne se manifeste pour combler le vide que Moscou aura créé sur les marchés de l’énergie.

Depuis le début de la guerre en février dernier, qualifiée d’« opération spéciale » par la Russie, les pays européens ne s’entendent pas sur la question de savoir s’il faut ou non se soumettre à la volonté des USA de cesser complètement d’acheter de l’énergie à la Russie. Les USA ont réussi à arrêter les pipelines Nord Stream 1 et 2 à force de pression politique sur la population, qui a été suivie par l’explosion du pipeline dans la mer Baltique, empêchant ainsi l’Europe de reprendre l’achat de gaz russe bon marché.

L’Europe s’est inscrite en faux contre l’abandon du gaz russe d’abord, puis du pétrole et de ses dérivés quelques mois plus tard, car les dirigeants européens croyaient que la Russie s’effondrerait rapidement et qu’ils partageraient le « butin de guerre » avec les USA. Sauf que les vents ont soufflé à contre-courant des navires occidentaux lorsque la Russie a résisté, malgré les milliers de sanctions qui lui ont été imposées. L’armée russe et les forces séparatistes ont progressé sur le champ de bataille et occupé plus de 100 000 km2de territoire ukrainien. Les résultats sur le champ de bataille ont prouvé que les sanctions occidentales sont inefficaces et qu’elles ne contribueront certainement pas à la restitution des territoires ukrainiens perdus.De nombreuses voix se sont élevées dans la capitale belge, Bruxelles, lieu de rencontre des dirigeants européens où sont prises les décisions relatives au soutien de l’Ukraine. Les responsables européens n’étaient pas d’accord entre eux sur la fixation d’un plafond des prix de l’énergie, car certains pays ont plus besoin d’énergie russe que la Russie n’a besoin de leur argent.

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