
Par Elijah J. Magnier
Traduction : Daniel G.
Johannesburg a récemment occupé le devant de la scène en accueillant le 15e sommet annuel des dirigeants des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Ce sommet a été marqué par l’annonce de la formation du « BRICS PLUS », qui élargit le groupe en intégrant six nouveaux membres : l’Iran, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Égypte, l’Argentine et l’Éthiopie. Ceux-ci devraient acquérir le statut de membre à part entière en janvier 2024. Alors que le monde entier avait les yeux rivés sur ce sommet, son attrait ne résidait pas dans sa nouveauté, mais dans sa capacité à remodeler la dynamique du commerce international et à réduire la dépendance à l’égard du dollar américain.
Le consortium des BRICS forme une riche mosaïque d’objectifs, de convergences et d’intérêts divers qui se chevauchent. De nombreux pays se tournent vers cette plateforme pour élargir leurs horizons économiques, échapper à l’isolement et se libérer des chaînes de l’unilatéralisme américain et de l’hégémonie du dollar. Cette poussée est alimentée par la prolifération des sanctions américaines et la militarisation du dollar US, une tactique qui est employée de plus en plus fréquemment. Cette tendance s’est aggravée depuis que la Russie a défié l’Occident dans la crise ukrainienne actuelle. Le sommet ouvre ainsi la voie à un nouvel ordre économique, les pays explorant les moyens de contourner l’unilatéralisme américain et la domination monétaire. Le sommet des BRICS est prometteur, même s’il reconnaît que le chemin sera long, difficile et semé d’embûches.
Né d’une initiative russe en 2006, le consortium des BRICS a progressivement mûri et pris de l’ampleur. Le premier sommet, en 2009, a réuni la Russie, la Chine, le Brésil et l’Inde. L’Afrique du Sud a rejoint le groupe en 2011, changeant l’acronyme de BRIC en BRICS. L’ordre du jour du sommet des BRICS de 2023 était vaste et abordait des questions telles que la facilitation du commerce et de l’investissement, le développement durable et l’innovation, la réforme de la gouvernance mondiale, le perfectionnement des compétences, le renforcement des économies locales, la création d’une monnaie alternative pour diluer la dépendance à l’égard du dollar, la promotion des transactions en monnaies locales lorsque cela est possible, et la perspective d’augmenter le nombre de pays membres. Les questions de sécurité ont été reléguées au second plan, révélant ainsi les orientations différentes des États membres des BRICS, qui se sont concentrés sur des sujets autres que celui de défier ouvertement les puissances occidentales dans le conflit ukrainien.
Les ambitions exprimées par les BRICS trouvent un écho important dans de nombreuses nations du monde entier, en particulier celles qui sont à l’aube d’un renouveau économique ou qui amorcent une croissance. Le continent africain, l’Amérique latine et l’Asie apparaissent comme des acteurs clés dans ce paysage en évolution. Le Moyen-Orient occupe également une place de choix dans le discours des BRICS. Pas moins de 22 économies émergentes ont déclaré leur intention de rejoindre le consortium, plusieurs ayant déjà pris place dans ses rangs. Les nouveaux venus, dont le Koweït, le Bahreïn, l’Algérie et la Turquie, sont prêts à rejoindre cette plateforme économique dans des phases ultérieures, notamment lors du sommet de 2024 en Russie.
Cette dynamique souligne que les BRICS et les BRICS+, qui représentent une impressionnante réserve énergétique mondiale, n’ont pas l’intention d’exclure ou de contrarier les États-Unis. L’objectif premier de la Chine, du Brésil, de l’Inde et de l’Afrique du Sud n’est pas d’aliéner ou de défier directement les USA sur des fronts non économiques. Toutefois, l’imposition incessante de sanctions américaines aux membres des BRICS, notamment à la Russie (soumise à plus de 6 500 sanctions occidentales) et à la Chine (soumise à près de 600 sanctions américaines), a conduit à une recherche mondiale de nouveaux marchés susceptibles de contourner la domination du dollar. Les pays doivent explorer d’autres solutions pour échapper au risque d’isolement et de sanctions lié au contrôle monétaire américain. Le penchant des États-Unis pour l’imposition de sanctions – une stratégie fortement utilisée depuis l’ère de Barack Obama, intensifiée pendant la présidence de Donald Trump et poursuivie par le président Joe Biden – a poussé les nations du monde entier à chercher des solutions de rechange. Cette poussée est motivée par le désir de contourner la mainmise du dollar sur leurs interactions économiques. Les gouvernements cherchent à s’immuniser contre les sanctions américaines et à éviter l’isolement lorsqu’elles entrent en conflit avec l’économie mondiale et le progrès.
Subscribe to get access
Read more of this content when you subscribe today.
You must be logged in to post a comment.