Engagement de l’Axe de la Résistance dans le conflit à Gaza : plus que de simples menaces

Par Elijah J. Magnier

Traduction : Daniel G.

Le conflit en cours entre Israël et Gaza retient l’attention dans le monde entier. Cependant, l’engagement de l’Axe de la Résistance ajoute une nouvelle strate de complexité à un paysage géopolitique déjà complexe. Alors qu’Israël déploie sa puissance militaire et que les combattants palestiniens de Gaza font preuve d’une résistance inébranlable, le rôle et les intentions de l’Axe de la Résistance font l’objet d’intenses spéculations et d’un examen minutieux. Lorsque le chef du conseil exécutif du Hezbollah, Hachem Safi al-Din, a déclaré que « le Hezbollah n’est pas neutre » dans la guerre en cours entre Israël et Gaza, il s’agissait de bien plus qu’une déclaration d’intention. Ces mots prononcés par l’un des plus hauts dirigeants de l’organisation avaient du poids et signalaient un engagement direct et définitif du Hezbollah dans le conflit actuel.

Sa déclaration ne signifiait pas que le Hezbollah interviendrait en cas d’invasion de Gaza. Elle a plutôt confirmé l’implication active du Hezbollah dans les combats. Toutefois, les détails de cette participation n’ont pas été précisés. Se limitera-t-elle à tirer des roquettes depuis la frontière libanaise ou ira-t-elle plus loin? Cela nous amène à la question principale : Quelle est la contribution exacte de l’Axe de la Résistance au conflit de Gaza et quel rôle a-t-il joué jusqu’à présent?

Travail en collaboration dans la salle d’opérations communes : déjouer les plans israéliens

Dès le début de l’opération « Déluge d’Al-Aqsa », l’importance de la collaboration dans la salle d’opérations communes est apparue clairement. À l’extérieur et à l’intérieur de Gaza, les centres de commandement et de contrôle ont joué un rôle déterminant dans la direction de la bataille sur de multiples fronts, depuis les tactiques sur le terrain jusqu’au renseignement et à la planification stratégique.

Cette approche conjointe a été particulièrement évidente en 2021, alors qu’Israël cherchait à infliger un maximum de pertes lorsque le Hamas s’est déployé dans des tunnels pour tendre des embuscades à l’armée israélienne en progression. Agissant rapidement, l’unité de surveillance électronique de la salle d’opérations communes située à l’extérieur de Gaza a persuadé les Palestiniens d’abandonner immédiatement les tunnels. Cette intervention opportune a permis d’éviter des pertes importantes parmi les membres du Hamas et du Djihad islamique, faisant ainsi échouer la stratégie israélienne.

Dans les coulisses : la planification méticuleuse du Hamas et du Djihad islamique

Dès le départ, l’ampleur et la précision des opérations menées par le Hamas et le Djihad islamique à Gaza ont mis en lumière toute l’étendue des préparatifs faits en secret et du soutien requis. Pareille campagne nécessite des ressources importantes, une stratégie militaire, la collecte et la mise à jour d’informations et une intelligence stratégique en matière de renseignement. Il s’agissait d’exécuter les opérations et de prévoir les conséquences, notamment les représailles israéliennes attendues.

Il fallait une planification méticuleuse pour parvenir à lancer une attaque massive sur 20 colonies et à infiltrer 11 bases militaires dans un rayon de 40 kilomètres autour de la bande de Gaza. Le fait que l’armée israélienne, réputée pour sa surveillance électronique avancée, n’ait rien détecté, souligne l’étendue de la coopération en matière de renseignement et le partage de l’expertise.

En plus d’une opération militaire, il s’agit aussi d’un message stratégique adressé à un public régional et international, qui aura des conséquences dans les années à venir. La collaboration et la mise en commun de l’expérience accumulée ont été cruciales pour gérer les complexités d’une attaque coordonnée contre Israël d’une telle ampleur.

L’armée israélienne, qui compte déjà 90 000 officiers et soldats, a renforcé ses rangs en faisant appel aux réservistes, ce qui porte le total à environ 400 000 officiers et soldats. Face à cette mobilisation massive, l’Axe de la Résistance devait intervenir. Sa stratégie? Disperser l’armée israélienne en ouvrant plusieurs fronts, afin de compliquer les plans militaires d’Israël.

L’armée israélienne se trouve désormais dans la situation difficile de diviser ses vastes ressources entre plusieurs points chauds potentiels : Gaza, le Liban (sans doute le plus instable), la Syrie, l’Irak et le Yémen. Cette dispersion stratégique est devenue encore plus criante après que les chefs d’Ansar Allah, Abdul Malik al-Houthi et Badr al-Din al-Houthi, ainsi que la résistance irakienne, ont déclaré qu’ils étaient prêts à se joindre à la mêlée.

Dans un tel scénario à plusieurs fronts, les dirigeants militaires israéliens ont pour tâche de répartir efficacement leurs forces. Ils doivent veiller à ce qu’un engagement suffisant soit maintenu sur chaque front tout en maintenant une force de réserve qui peut être rapidement déployée pour renforcer les zones les plus assiégées ou remplacer les unités épuisées. La dynamique de ce conflit a évolué et l’armée israélienne est désormais confrontée aux subtilités de la gestion d’une guerre sur plusieurs fronts.

L’approche d’Israël à l’égard des escarmouches régionales a connu un changement marqué. Il ne se contente plus d’attribuer les attaques contre ses forces, en particulier sur le front nord (la frontière libanaise), aux mandataires du Hezbollah ou aux factions palestiniennes, même si ces groupes en revendiquent la responsabilité dans les médias. Israël adopte une approche plus directe, en ripostant de manière frontale aux positions du Hezbollah.

Ce changement de stratégie découle de l’érosion perçue du prestige d’Israël, qui a adopté une position plus affirmée afin d’éviter de montrer d’autres signes de vulnérabilité ou d’indécision. Il convient toutefois de noter que les engagements actuels restent relativement restreints. Bien que directes, les confrontations demeurent « dans les limites » des lignes de contact et ne s’étendent que sur quelques kilomètres à l’intérieur du territoire de chaque partie.

Le Hezbollah et Israël : échanges au coup pour coup calculés sur le front nord

La stratégie militaire d’Israël sur le front nord évolue, notamment au sein de la division régionale de la Galilée. Le commandant de cette division envoie des signaux clairs au Hezbollah, en planifiant méticuleusement chaque attaque pour montrer qu’il est prêt et déterminé. Le message sous-jacent est qu’Israël est non seulement vigilant, mais qu’il ripostera de manière proportionnée, en fonction de la nature et de l’issue de toute provocation. Les militaires israéliens sont loin d’intimider le Hezbollah qui cherche à provoquer Israël dans un affrontement plus large. C’est pourquoi le Hezbollah fait sentir sa présence. Le groupe a mobilisé des milliers de membres de son commando d’élite Al-Radouane le long de la frontière. Son approche est dynamique, il ne se passe pas un jour sans que des positions israéliennes ne soient prises pour cible. Que ce soit à l’extrême est, dans le secteur central ou à l’ouest, les actions du Hezbollah rappellent constamment à Israël que le groupe est toujours vigilant et prêt à exploiter toute vulnérabilité perçue le long du front.

L’initiative du Hezbollah et son attitude de confrontation à la frontière israélo-libanaise sont manifestes. Le groupe a lancé une première attaque contre la position israélienne à Radar Hill et a fait connaître son rôle actif dans le conflit en cours. Reconnaissant la gravité de la menace, Israël a renforcé sa défense le long de la frontière libanaise. L’inquiétude des militaires israéliens est palpable, car ils sont convaincus que le Hezbollah peut exploiter la moindre faille de sécurité. Ils ont le sentiment que, s’il en a l’occasion, le Hezbollah pourrait franchir la frontière libanaise et avancer vers les colonies israéliennes, qui ont été évacuées en prévision d’une telle incursion.

Israël envisage un scénario dans lequel les forces d’élite du Hezbollah, soutenues par l’artillerie et l’infanterie, pourraient lancer une attaque sur deux fronts, piégeant ainsi les forces israéliennes entre les fronts sud et nord. Pourtant, en dépit de la tension palpable, Israël a réagi avec retenue à la frontière libanaise. Cette approche mesurée est motivée par le désir d’éviter de faire le jeu du Hezbollah et d’aggraver la situation.

Après des années de confrontation, les deux parties ont acquis une connaissance approfondie de leurs tactiques et stratégies respectives. Elles sont devenues expertes dans l’art de lire les mouvements de l’autre, d’anticiper les réactions et de modifier leurs stratégies en conséquence. Si Israël devait réagir de manière plus agressive que prévu, les deux parties seraient parfaitement conscientes des conséquences potentielles et agiraient avec prudence.

Israël veut obtenir une intervention internationale sous les menaces sur plusieurs fronts

Confronté à la perspective d’une guerre sur plusieurs fronts, Israël s’est adressé à ses alliés internationaux, dont les États-Unis, la France, le Qatar et l’Égypte, les exhortant à jouer un rôle de médiateur et à dissuader le Hezbollah et d’autres factions d’intensifier le conflit. La préoccupation sous-jacente d’Israël est sa capacité à répondre à des menaces simultanées provenant de plusieurs directions susceptibles de mettre à rude épreuve son armée.

Toutefois, la situation s’est complexifiée davantage lorsque le président américain Joe Biden est intervenu. Le message de Biden aux pays et organisations impliqués, en particulier le Hezbollah, le Yémen et l’Iran, était clair : ne plus s’impliquer ou en subir les conséquences. Mais l’avertissement a eu l’effet contraire. En signe de défi, l’Axe de la Résistance a lancé des attaques depuis la Syrie sur les hauteurs du Golan occupé et a initié une autre attaque directe depuis le Liban. Quelques heures après la déclaration de Biden, ces actions ont envoyé un signal clair à la communauté internationale : l’Axe de la Résistance ne se laissera pas facilement dissuader ou intimider.

Le message de l’Axe de la Résistance était sans équivoque. Il estime que l’équilibre des forces et la dissuasion sur le terrain sont établis et que les menaces ou les renforts extérieurs, même de la part d’une superpuissance comme les États-Unis, ne changeront pas la dynamique existante. L’essentiel de sa position est qu’Israël doit accepter ses pertes, cesser de s’en prendre aux civils à Gaza et comprendre que le renforcement de ses forces avec le soutien des États-Unis ne fera pas nécessairement pencher la balance en sa faveur. Les événements en cours font ressortir la complexité de la géopolitique de la région et les défis à relever pour parvenir à une paix durable.

Des sources informées suggèrent qu’une attaque impliquant plusieurs drones pourrait être imminente. Fait intéressant, la résistance irakienne pourrait revendiquer la responsabilité d’une telle attaque, soulignant ainsi l’unité et la coordination des différentes factions contre Israël.

La récente déclaration de l’état de guerre par le gouvernement israélien et l’habilitation subséquente de son armée à agir contre Gaza comme bon lui semble ont renforcé les craintes d’une invasion terrestre de grande envergure. Une telle opération poserait de nombreux problèmes à Israël. Gaza, souvent appelée la « ville des tunnels », est un champ de bataille complexe. Le réseau étendu de passages souterrains, combiné aux capacités considérablement améliorées de la résistance palestinienne, signifie qu’Israël serait probablement confronté à une opposition farouche et sanglante.

Le premier ministre Benjamin Netanyahou se trouve dans une position précaire. Alors que la pression est immense pour qu’il agisse de manière décisive et rétablisse la dissuasion d’Israël, le risque de pertes israéliennes importantes dans le cadre d’une opération terrestre donne à réfléchir. La menace imminente des frappes de drones, la dynamique complexe d’une guerre urbaine à Gaza et les ramifications internationales d’un conflit à grande échelle pèseront lourdement sur le processus décisionnel de Netanyahou dans les jours à venir.

Les États-Unis, l’Iran et la dynamique multifrontale du conflit Israël-Gaza

En pleine escalade du conflit entre Israël et Gaza, les États-Unis ont évité d’accuser directement l’Iran. Pour sa part, l’Iran a toujours nié être impliqué dans la guerre en cours. Cette position a été renforcée par les déclarations du Gardien de la loi, Sayyed Ali Khamenei, qui a souligné le désintérêt de l’Iran pour les négociations et affirmé que toute discussion devrait se concentrer sur Gaza et les Palestiniens, les principales parties impliquées.

Certains considèrent le déploiement du porte-avions USS Ford (90 avions) dans la région comme un geste symbolique plutôt que comme un facteur qui change la donne. Pour mettre les choses en perspective, Israël dispose d’environ 900 avions. L’efficacité de la puissance aérienne dans la guerre moderne fait l’objet d’un débat. Les conflits récents en Afghanistan, en Syrie, en Irak, en Libye et au Liban ont montré que les forces terrestres continuent souvent de résister malgré les destructions importantes que les frappes aériennes peuvent infliger. Cette résilience est évidente dans la réponse de Gaza au conflit en cours, ainsi que dans sa riposte aux affrontements précédents en 2014 et 2021.

L’Axe de la Résistance devra décider s’il s’engagera pleinement dans la guerre et ouvrira tous les fronts. Cette décision dépendra de l’évolution de la situation et des actions d’Israël à l’égard de Gaza. Toutefois, la stratégie semble claire : maintenir la pression sur plusieurs fronts pour s’assurer qu’Israël reste tendu et en état d’alerte. Cette tactique vise à épuiser l’armée israélienne, à l’empêcher de se concentrer uniquement sur Gaza et à la maintenir dans un état perpétuel d’insécurité. Cette stratégie sur plusieurs fronts souligne la complexité de la dynamique géopolitique en cours et le jeu d’échecs auquel se livrent les puissances régionales.

La position de Biden et l’escalade à Gaza

Le soutien apparent du président américain Joe Biden au premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a fait froncer les sourcils, en particulier dans le contexte du conflit en cours à Gaza. Les critiques affirment que le soutien de Joe Biden donne essentiellement carte blanche à Israël pour cibler Gaza (parce qu’il ne s’agit pas seulement du Hamas), même si cela entraîne une dévastation généralisée et d’importantes pertes civiles.

Les dirigeants européens et les organismes internationaux ont exprimé leurs préoccupations, en accusant Israël de violer le droit international et la Charte des Nations unies. Les actions d’Israël, notamment la coupure des approvisionnements essentiels comme l’eau, l’électricité, le carburant, la nourriture et les médicaments, suscitent de vives critiques. En outre, la description désobligeante des Palestiniens et la fermeture des points de passage frontaliers ne font qu’accroître la condamnation mondiale.

Toutefois, ces condamnations internationales semblent avoir eu peu d’effet sur la détermination de Netanyahou à poursuivre la campagne militaire à Gaza. Devant l’ampleur et l’intensité des opérations, beaucoup craignent une destruction systématique, voire un transfert forcé des Palestiniens vers le Sinaï, une idée déjà évoquée par certains dirigeants israéliens. Une telle mesure rappellerait la Nakba, l’exode palestinien de 1948, et aurait sans aucun doute un impact profond sur la région.

Dans ce contexte, l’Axe de la Résistance est prêt à renforcer son engagement pour empêcher tout déplacement massif de Palestiniens et pour faire contrepoids à la puissance militaire d’Israël. La situation actuelle met en évidence la dynamique géopolitique complexe du Moyen-Orient et l’équilibre délicat des forces qui y règnent.

Le Moyen-Orient est au bord du gouffre et le risque d’un conflit plus large se profile à l’horizon. L’Axe de la Résistance est déterminé à défier la puissance militaire d’Israël, en profitant de ce qu’il perçoit comme un moment de vulnérabilité chez l’adversaire. Il croit que malgré sa démonstration de force, Israël aura du mal à contrer des organisations telles que le Hezbollah, même avec le soutien des États-Unis et de leur flotte navale.

Les actions récentes d’Israël donnent à penser qu’il se prépare à une confrontation majeure. En lançant des attaques sur plusieurs fronts – Gaza, le Liban, la Syrie et même le point de passage égyptien de Rafah – Israël cherche à donner l’impression d’être fort et prêt. Mais sous la surface, il y a un sentiment croissant de désespoir. Israël tend la main à ses alliés régionaux, les pays occidentaux et les États-Unis en particulier, en quête de soutien dans un conflit qui a déjà fait de nombreuses victimes dans son camp : du côté palestinien, 1 300 morts, 6 000 blessés et 265 000 personnes déplacées; du côté israélien, 1 200 morts et 2 500 blessés. Ces chiffres augmentent d’heure en heure.

Pour leur part, les combattants palestiniens de Gaza continuent de résister malgré un blocus paralysant qui dure depuis 17 ans. Leur résistance est emblématique d’une population qui a subi des décennies d’épreuves et qui se soulève aujourd’hui contre des injustices de longue date.

Les prochains jours seront cruciaux. Ils détermineront si la région va s’enfoncer dans une guerre plus vaste ou si le sang-froid va l’emporter et que la situation n’échappera pas à tout contrôle. Les enjeux sont considérables et le monde entier observe la situation avec anxiété, espérant qu’une solution sera trouvée pour éviter de nouvelles pertes de vies innocentes.

Le conflit actuel à Gaza met de nouveau en relief le réseau complexe d’alliances, de stratégies et d’intérêts géopolitiques qui caractérise le Moyen-Orient. L’implication profonde de l’Axe de la Résistance fait ressortir la nature multidimensionnelle de la rivalité, au cours de laquelle les puissances régionales ne sont pas de simples spectateurs, mais des participants actifs. Les actions de l’armée israélienne, combinées à l’esprit indomptable des combattants palestiniens, soulignent la volatilité de la situation. Avec l’implication des puissances internationales, c’est l’escalade ou la désescalade du conflit qui est en jeu.

Le rôle d’acteurs majeurs comme les États-Unis et l’Iran, associé aux manœuvres stratégiques de groupes tels que le Hezbollah, brosse le tableau d’une région où chaque geste est lourd de conséquences. La résistance des combattants palestiniens, malgré des années de blocus et d’adversité, témoigne de leur détermination et de l’esprit de résistance qui règne dans la région.

Pendant que le monde observe la situation en retenant son souffle, l’espoir d’une solution qui donne la priorité à la vie humaine et ouvre la voie à une paix durable est présent. Toutefois, la dynamique complexe suggère que pour parvenir à une telle solution, les stratégies militaires ne suffiront pas. Il faudra de la finesse diplomatique, une compréhension mutuelle et un véritable engagement en faveur de la paix de la part de toutes les parties impliquées, ce qu’Israël a rejeté avant la guerre de Gaza.

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