Poutine mène une guerre de « Maskirovka » pour discréditer ses adversaires occidentaux

Par Elijah J. Magnier

Traduction : Daniel G.

Le président russe Vladimir Poutine mène une « guerre de Maskirovka » avec des nerfs d’acier, en convainquant silencieusement l’Occident hystérique qu’une guerre peut éclater « à tout moment ». Les adversaires du Kremlin ignorent qu’ils sont tombés dans le piège de la guerre psychologique. L’habile joueur d’échecs russe a élaboré et exécuté des plans pour faire croire à ses ennemis que c’est pratiquement la guerre en Ukraine, sans tirer un seul coup de feu. L’objectif de la Russie est d’obtenir un engagement ferme de la part de l’Occident que Kiev n’adhérera pas à l’OTAN, qui représente une grave menace pour la sécurité nationale de Moscou.

Le président de la République tchèque, Milos Zeman, a déclaré que « cinq jours avant le 16 février », il avait reçu un “message secret de la CIA concernant de prétendus préparatifs en vue d’une invasion russe de l’Ukraine ». Depuis quelque temps, l’Occident et l’Ukraine allèguent à qui mieux mieux l’imminence d’une invasion russe en Ukraine. Le président Poutine a pris plusieurs mesures pour tromper ses ennemis, forçant l’Europe à mener une diplomatie active. Le vieux continent est le grand perdant de ce jeu dangereux, de sorte que les dirigeants européens sont plus enclins que leurs alliés américains à résoudre la crise entre l’Ukraine et l’OTAN. 

Le danger de ce jeu est que Poutine a déclaré qu’il ne peut se retirer nulle part. Il joue donc toutes les cartes qu’il a en main de façon à quitter la table de jeu avec le moins de pertes et d’effusion de sang possible, et sans nuire à ses relations avec l’Europe. Mais Moscou a devant lui un adversaire américain qui n’a rien à perdre, car en misant sur l’escalade, ce n’est pas ses intérêts que Washington met en jeu, mais les intérêts européens.

Dans son Art de la guerre, Sun Tzu disait que toute guerre est basée sur la duperie, ce qui implique de fausses manœuvres, des attaques feintes et des indications trompeuses de force ou de faiblesse dans le but d’influencer l’action de l’ennemi. C’est ce que les Russes appellent la Maskirovka (camouflage), une doctrine qu’ils ont développée dans les années 1920. Elle comprend de nombreuses formes de duperie militaire, de camouflage et de déni. Ils ont adopté cette doctrine à Stalingrad, à Koursk et lors de l’Opération Bagration en Biélorussie.

La guerre psychologique a de profondes conséquences. Le recours à la propagande, aux menaces et aux méthodes psychologiques pour induire en erreur, intimider ou affaiblir le moral de l’adversaire vise à influencer sa façon de penser et son comportement, à miner sa confiance et à instiller le désespoir ou la peur. Les prix des denrées alimentaires et du pétrole ont augmenté depuis que les tambours de la guerre ont commencé à se faire entendre en Ukraine après le déploiement de plus de 100 000 militaires du côté russe de la frontière avec l’Ukraine. Partout en Occident, on ne parle que de la guerre en Ukraine qui est sur le point d’éclater et des centaines de millions de dollars d’armes livrées à Kiev pour « stopper l’avancée de la Russie » qui ne s’est pas produite. Tout ça parce que le Kremlin s’est lancé dans une guerre psychologique afin de pouvoir accuser ses opposants occidentaux d’hystérie infondée.

Des experts militaires occidentaux ont dit que Poutine n’a pas l’intention d’envoyer l’armée russe à la guerre parce qu’il n’a pas apporté le soutien médical nécessaire à la frontière ukrainienne. Une semaine plus tard, l’armée russe a dressé une grande tente surmontée d’une croix rouge et a déplacé des réserves de sang pour « combler » les besoins médicaux de l’armée en cas de guerre. Les dirigeants russes ne ménagent pas leurs efforts pour faire croire aux dirigeants du monde qu’une guerre est possible, pour mieux ridiculiser et accuser ceux qui prédisent la guerre contre l’Ukraine de créer un état de panique inutile. En fait, des responsables américains avaient prétendu que la Russie prévoyait envahir l’Ukraine le 16 février par une provocation dans la région séparatiste du Donbass ou par une attaque contre Kiev.

Pour sa part, Maria Zakharova, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la Russie, s’est moquée des médias américains et britanniques : « J’invite les médias de désinformation américains et britanniques à annoncer le calendrier de notre invasion pour la prochaine année, car j’aimerais organiser mes vacances. » Cette réponse est un coup sévère porté à la crédibilité de l’Occident, qui met en lumière son échec en matière de collecte de renseignements et de prévision. Les journaux anglo-saxons avaient même annoncé le moment précis du déclenchement de la guerre en Ukraine : dans la nuit de mardi à mercredi. 

Subscribe to get access

Read more of this content when you subscribe today.

Advertisements
Advertisements
Advertisements