
Par Elijah J. Magnier
Traduction : Daniel G.
Le président Vladimir Poutine a annoncé personnellement le début de l’opération militaire (à 04 h 30 heure locale) dans le Donbass, une région voisine de la Russie que cette dernière a reconnue lundi dernier comme indépendante de l’Ukraine. Les militaires russes ont lancé plus de 100 missiles téléguidés et sont entrés dans le Donbass, pendant que des missiles de précision ont frappé les centres de commandement et de contrôle ukrainiens dans de nombreuses régions du pays et neutralisé l’armée de l’air ukrainienne. Il ne s’agit toutefois pas d’une guerre visant à occuper l’ensemble des territoires ukrainiens, malgré le contrôle russe d’un aéroport militaire proche de la capitale Kiev, qui pourrait être la prochaine cible. Il s’agit plutôt d’une opération de dissuasion russe qui s’adresse à l’Europe et aux USA derrière elle, qui impose des lignes rouges et appelle à des négociations pendant que le feu fait rage. Les forces russes pourraient aller au-delà de la région du Donbass et faire tomber l’actuel gouvernement pro-occidental de Kiev. Des milliards de dollars d’armes livrées à Kiev par plusieurs pays membres influents de l’OTAN tombent du même coup entre les mains de la Russie. À qui profite (Cui Bono) cette guerre ?
En dépit des avertissements répétés de Poutine selon lesquels l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN menace la sécurité nationale de la Russie, la diplomatie européenne n’a pas réussi à modifier la décision des USA, qui ont défié la Russie en refusant d’offrir la garantie nécessaire à la désescalade de la tension. Au lieu de cela, les USA et leurs partenaires, dont les Européens, ont livré des centaines de tonnes d’armes valant plusieurs milliards de dollars à l’Ukraine, qui n’était rien de moins qu’un défi lancé à la Russie et une invitation à la guerre. Le président russe a donc relevé le défi et a lancé une vaste opération militaire, en commençant par le Donbass, pour envoyer un message fort à l’Europe pour qu’elle commence à prendre au sérieux ses préoccupations en matière de sécurité, principalement en Géorgie et en Ukraine.
Sans surprise, les responsables européens et américains ont dénoncé l’opération russe en Ukraine. Mais jusqu’à maintenant, tous les dirigeants occidentaux ont clairement indiqué qu’ils ne s’impliqueront pas directement dans une guerre qui progresse très rapidement sur le territoire ukrainien. Poutine semble vouloir faire une guerre « propre et rapide » pour imposer son contrôle sur la capitale ou l’encercler et prendre le contrôle des positions militaires vitales afin de pouvoir partir aussi vite qu’il est entré. Une fois qu’il aura prouvé sa volonté et sa puissance, aucun autre gouvernement ou pays voisin n’osera affronter Moscou et rejoindre l’OTAN ou se soumettre au diktat occidental. Pour cela, il faut que les forces russes partent rapidement et évitent de s’enliser dans un bourbier et une guerre de résistance en Ukraine.
En dépit des menaces occidentales, l’Ukraine était seule face à l’avancée russe lorsque les assaillants sont entrés par plusieurs côtés et axes : Kharkov au nord-est, Mariupol à l’est, Kherson au sud-est qui borde la mer Noire au nord de la Crimée. Les forces russes ont utilisé le territoire biélorusse pour progresser en Ukraine sur un autre front proche de la capitale Kiev, pour joindre les troupes du Donbass et isoler les soldats ukrainiens se trouvant entre eux. Les forces russes ont avancé de 35 km dans un couloir ouvert au centre du Donbass dès les premières heures. La vitesse de l’avancée des forces russes, conjuguée aux avions à réaction et aux missiles téléguidés qui ont détruit la plupart des radars et des centres de commandement et de contrôle ukrainiens, ont permis à la Russie de se diriger rapidement vers la capitale.
L’objectif de la Russie en menant cette bataille était de paralyser la force militaire avant de s’engager au combat et de créer le chaos et la confusion parmi les responsables et les forces de sécurité. La Russie a bombardé la plupart des installations militaires cruciales de l’armée et des services de renseignement ukrainiens, qui ont commencé à brûler des documents à l’extérieur de leurs bâtiments, ce qui indique que Kiev n’est pas loin de capituler.
Le président russe ne s’assoira pas à la table des négociations tant que la bataille n’aura pas atteint son objectif, car la voix des armes est plus forte que tout. L’objectif est que l’Occident soit convaincu que la Russie est déterminée à garantir sa sécurité et à faire accepter ses demandes refusées concernant l’expansion de l’OTAN dans les pays de l’ex-Union soviétique, qui va à l’encontre de l’accord verbal stipulé en 1990 par les précédents présidents américains à leurs homologues russes. Qui est le gagnant, et qui est le perdant dans ce combat?
Subscribe to get access
Read more of this content when you subscribe today.
Comments are closed.