Le cadeau de la Turquie : gruger davantage le territoire syrien

Par Elijah J. Magnier

Traduction : Daniel G.

En 2014, le président français François Hollande a soutenu l’idée de son homologue turc Recep Tayyip Erdogan d’établir une zone tampon entre la Syrie et la Turquie où les Syriens déplacés à l’intérieur de leur propre pays pourraient s’établir. Mais Washington a rejeté cette possibilité, qui n’a été en fait que reportée. La Turquie se considère en droit de réclamer le nord de la Syrie (et de l’Irak) qui, selon elle, fait partie intégrante de l’Empire ottoman qu’Erdogan tente de faire revivre. La réalisation de cet objectif est devenue possible après la guerre de 2011 lancée contre la Syrie, qui ouvrait la porte au président turc pour concrétiser son rêve. Sauf que la Russie a partiellement brisé ce rêve d’Erdogan en aidant Damas et ses alliés à reconquérir la majeure partie du territoire syrien. Mais cette possibilité a repris les devants de la scène depuis que Washington et Moscou ont reconnu que la Turquie veut annexer une zone tampon de 30 kilomètres le long de la frontière avec la Syrie. La volonté de la Turquie de progresser en territoire syrien sous contrôle des forces de l’administration autonome kurde semble irréversible. Mais elle ne pourra pas être menée à bien en une seule étape.

La Turquie se retrouve en excellente position dans ses relations avec la Russie et les USA, qui veulent tous les deux plaire au président Erdogan depuis le déclenchement de la guerre entre les deux superpuissances en sol ukrainien. Les USA veulent étendre l’influence de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en ajoutant la Suède et la Finlande aux trente pays membres existants. L’objectif est d’assiéger la Russie et de maintenir l’hégémonie américaine sur l’Occident en général et l’Europe en particulier. Pour atteindre cet objectif, les USA ont besoin de l’accord d’Ankara, qui s’oppose à l’admission des deux nouveaux candidats membres.

La Turquie accuse la Suède de soutenir et d’héberger des dirigeants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), que la Turquie (tout comme l’Europe et les USA) considère comme une organisation terroriste. Cependant, la branche syrienne du PKK (YPG) protège les forces d’occupation US dans le nord-est de la Syrie et empêche toute négociation sérieuse avec le gouvernement central de Damas.

Par conséquent, en relevant le plafond de ses exigences, la Turquie envoie un message aux USA, à savoir qu’elle est prête à négocier tout en brandissant une carte dont Washington devra tenir compte tôt ou tard. La Turquie a besoin de 40 avions de combat américains F-16V (la dernière version de la famille des F-16 Fighting Falcon), de pièces de rechange modernisées pour ses avions F-16 américains (qui composent la flotte de l’armée de l’air turque) et de systèmes de défense « Patriot ». Les USA ont cessé d’exporter ce dont la Turquie avait besoin lorsqu’ils ont imposé des sanctions à Ankara à la suite de son acquisition de systèmes de défense aérienne russe S-400. Qui plus est, la Turquie a été écartée du projet de développement de l’avion de combat de cinquième génération F-35 Lightning II, pour lequel elle a payé 1,4 milliard de dollars en ne recevant en retour que quatre F-35 sur les 100 demandés. Les pilotes turcs ont d’ailleurs été priés de quitter les USA avant d’avoir terminé leur formation sur cet avion de combat avancé.Quant à la Russie, elle partage des intérêts stratégiques avec la Turquie : échanges commerciaux et touristiques; gazoduc TurkStream; refus de la Turquie d’introduire de nouveaux membres dans l’OTAN; rôle d’Ankara dans la guerre d’Ukraine pour tenter de renouer le dialogue russo-ukrainien. Le contrôle d’Ankara sur le Bosphore et les Dardanelles 

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