
Par Elijah J. Magnier
Traduction : Daniel G.Avant les élections parlementaires en Irak, les médias arabes et internationaux s’attendaient à ce que Sayyed Moqtada al-Sadr devienne le « faiseur de roi » et qu’il dirige l’Irak à l’avenir. Après les élections, le parti d’Al-Sadr a remporté le plus grand nombre de sièges au Parlement. Sauf qu’il n’a pas réussi à conclure une alliance lui permettant d’obtenir le quorum des deux tiers nécessaires à la sélection du nouveau président. Moqtada n’a pas atteint son objectif et a jeté l’éponge après sa première et unique tentative de diriger le processus politique. Sayyed Al-Sadr a successivement adopté une série de décisions politiquement immatures, en commençant par obliger ses 73 députés à démissionner, puis en demandant à ses partisans d’investir la rue (un jeu qu’il maîtrise) et la plupart des institutions constitutionnelles. Mais il a dépassé les bornes lorsque ses partisans ont échangé des coups de feu avec les forces de sécurité et avec les partisans de son ennemi juré, le vice-président et ancien premier ministre Nouri al-Maliki, avant d’ordonner à ses partisans de se retirer « immédiatement » de la « zone verte ». Cela a été possible suite à l’intervention directe de l’autorité suprême de Nadjaf, Sayyed Ali al-Sistani, qui a demandé à Sayyed Moqtada de mettre fin aux combats absurdes et aux effusions de sang entre chiites.
Par conséquent, Moqtada a rapidement perdu toutes les cartes qu’il avait dans son jeu, de sorte que son influence a diminué dans l’arène politique irakienne. Il attend donc l’occasion appropriée qui se présentera en octobre prochain lors de l’anniversaire du « mouvement Tishreen ». S’il est rejoint par les sadristes, ce mouvement a le pouvoir de faire tomber l’actuel premier ministre Mustafa al-Kadhemi, comme il a renversé son prédécesseur Adel Abdel Mahdi.
Pour l’instant, Al-Sadr ne peut aller nulle part ni prendre aucune mesure concrète, non pas parce qu’il a perdu sa popularité, car ses partisans obéissent à la famille Sadr, mais parce qu’il a épuisé toutes les cartes dans son jeu en si peu de temps. Moqtada a cessé d’être l’humble homme d’État qui rendait visite à tous les dirigeants des partis chiites à Bagdad. Il a tout de même marqué des points en annonçant récemment qu’il rejetait tous les autres dirigeants politiques chiites et qu’il voulait diriger l’Irak seul.
Al-Sadr a laissé ses partisans se livrer à des combats de rue du lundi après-midi jusqu’au milieu du jour suivant sans réagir, malgré les appels fermes de Sayyed Ali al-Sistani pendant les premières heures des affrontements et le jour suivant. Cela confirme que l’objectif d’Al-Sadr était de faire étalage de sa force face à l’autre parti chiite, qui n’a pas hésité à échanger des tirs avec les manifestants sadristes plutôt que plier, comme Al-Sadr s’y attendait. C’est ce qui a poussé Sayyed Moqtada à tenir une conférence de presse et à rejeter les combats inter-chiites qu’il avait laissé aller pendant vingt heures. Il convient toutefois de noter que les sadristes ont été les initiateurs des manifestations et de l’occupation des bâtiments publics, sans toutefois être les premiers à ouvrir le feu.
Moqtada a annoncé qu’il se retirait définitivement de la vie politique (une décision qu’il a déjà annoncé à quelques reprises au cours des années précédentes) et qu’il n’interviendrait plus dans l’arène politique. Cependant, il a utilisé un compte fictif sous le nom de « Muhammad Salih al-Iraqi », un supposé « ministre du leader » Moqtada al-Sadr, pour évacuer sa colère. Al-Sadr n’a pas mâché ses mots pour s’en prendre aux dirigeants du « cadre de coordination » (qui regroupe ses opposants chiites), à commencer par Faleh
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