
Par Elijah J. Magnier
Traduction : Daniel G.
Les dirigeants européens envoient des messages contradictoires à la Russie pour mettre fin à la guerre, en évoquant la possibilité de rétablir les relations commerciales et économiques et de lever leurs sanctions après la fin de la guerre et un possible retour à la normale de leurs relations. Le président russe Vladimir Poutine répondra-t-il à l’appel européen en se tournant vers la diplomatie pour trouver une issue à la guerre ukrainienne entre la Russie et l’OTAN dirigée par les USA et retomber dans le piège de l’Occident ce faisant? L’appel des dirigeants européens est lancé au moment même où une importante crise énergétique se profile à l’approche de l’hiver 2023, où les armes commencent à manquer et où des différences substantielles se révèlent entre les pays membres de l’Union européenne confrontés à une inflation croissante.
À la fin du sommet du G20 à Bali, en Indonésie, le président français Emmanuel Macron a souligné que « nous devons rouvrir les négociations avec la Russie pour faire des progrès et parvenir à un plus grand consensus ». Macron a confirmé avoir « discuté de la question de l’Ukraine et du retour de la Russie à la table des négociations avec les USA, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, le premier ministre indien Narendra Modi, le président turc Recep Tayyip Erdogan et le président chinois Xi Jinping en marge » du sommet.
Pour sa part , le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré que « la coopération économique entre l’Allemagne et la Russie pourrait être à nouveau possible si le Kremlin met fin à sa guerre en Ukraine ». Scholz avait pourtant déclaré précédemment que « l’Occident ne lèvera pas les sanctions imposées à la Russie en réponse à son invasion de l’Ukraine tant que Moscou ne retirera pas ses forces d’Ukraine et ne conclura pas un accord de paix avec Kiev ».
« À l’heure actuelle, les relations entre nous et la Russie sont réduites, réduites, réduites », a déclaré Scholz au Comité allemand pour les relations économiques en Europe de l’Est, en faisant référence aux sanctions occidentales contre la Russie qui ont réduit le commerce et les investissements bilatéraux. Par ailleurs, lors d’une rencontre avec le président chinois, le chancelier allemand a exhorté Pékin à « exercer son influence sur la Russie » pour arrêter la guerre.
De toute évidence, c’est l’Europe que la guerre par procuration que se livrent les USA et la Russie affaiblit le plus. Washington profite de l’absence de consensus entre les Européens de l’Est et de l’Ouest. Certains rechignent à suivre Bruxelles et la politique d’hostilité des USA envers la Russie en raison de l’importance des ressources naturelles de cette dernière pour leur population, qui constituent également l’épine dorsale de l’industrie occidentale. En outre, la Russie, qui est géographiquement la plus proche de l’Europe, a combattu le nazisme côte à côte avec le vieux continent pendant la Seconde Guerre mondiale et les deux parties ont établi des échanges commerciaux. Cependant, l’approche anglo-saxonne et l’enracinement de la mentalité coloniale chez certains dirigeants européens les positionnent dans le camp des USA malgré l’inconvénient de la perte économique qui en découle.
La France et l’Allemagne ont beau parler de la possibilité de faire la paix et d’arrêter la guerre pour entamer des négociations, elles sont les premières à apporter un soutien militaire à l’Ukraine. Les deux dirigeants sont engagés dans le renforcement de l’OTAN en Europe de l’Est et participent à des commissions d’enquête spéciales qui se penchent sur les crimes de guerre en Ukraine, en appelant même à la création d’un tribunal spécial pour tenir la Russie pour responsable.
Ainsi, la position inébranlable des USA sur la nécessité de poursuivre la guerre l’emporte sur toute volonté du continent européen. Washington établit la stratégie, la dirige et la met en œuvre avec ses alliés occidentaux. Scholtz et Macron inversent les rôles et rassurent la Russie en lui disant qu’ils sont prêts à un dialogue sérieux. Le président français est même allé plus loin en parlant de « la nécessité de fournir des garanties de sécurité à la Russie », ce qui était la principale demande de Moscou avant le début de la guerre en février dernier.
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